samedi 27 juin 2015

En altitude - Cotopaxi - Equateur


Après notre merveilleux séjour aux Galapagos, nous sommes de retour sur la terre ferme. En une semaine, nous sommes même passées de 30m de profondeur à 5000m d'altitude. Mon corps ne doit rien y comprendre. Le changement de décor est également radical ! 

Nous avons commencé par une petite halte à Quito. Nous avons bien fait car, nous le constaterons très vite, l'acclimatation à l'altitude est indispensable. 
Contentes de notre premier séjour ici, nous avons retrouvé notre charmante auberge de jeunesse où nous sommes accueillies comme à la maison. Elle est tenue par une famille vénézuélienne qui a fuit la violence de son pays quelques années plus tôt. Le père s'excuse pour le comportement du Colombien de la dernière fois et nous explique qu'il l'a foutu dehors après avoir appris ses exploits/ébats par un autre client. Il veut vraiment qu'on se sente comme à la maison. Trop gentil !

Ayant quatre jours devant nous avant de rejoindre notre pote Thibaud sur la côte pour ses dix jours de vacances, nous avons pensé visiter le centre du pays et ses magnifiques volcans. Comme tout se passe à merveille durant ce voyage, nous n'avons rien organisé et avons laissé la magie opérer. Du coup, lorsque l'anglaise rencontrée aux Galapagos nous parle d'un petit havre de paix avec une vue imprenable sur le Parc National de Cotopaxi, nous gardons le nom en tête. Dimanche soir, après un après-midi de paresse nous nous décidons à pass er quelques coups de fil pour la journée du lendemain. Le seul à répondre est le Secret Garden. Et tout s'enchaine à merveille. Il nous suffit de nous rendre à leur bureau de Quito le lendemain matin et une navette nous mènera à l'auberge. 

C'est ainsi que nous nous retrouvons dès lundi midi, soit 24h après notre départ des Galapagos, au coeur de la cordillère des Andes, en compagnie d'une quinzaine de voyageurs, autour d'une longue table en bois avec une vue imprenable sur le volcan en activité le plus haut du monde. Le Cotopaxi culmine à 5897m. Il est souvent caché dans les nuages. Il n'est donc pas rare de ne pas le voir pendant plusieurs jours. Mais lorsque nous arrivons, le ciel se dégage, laissant percevoir les contours quasi parfaits de ce magnifique volcan. Les bénévoles de l'auberge (en Amerique Latine, de nombreux backpackers travaillent dans les auberges de jeunesse en échange du logement et du couvert) sont surexcités et nous hurlent de sortir nos appareils photos. Et ils ont eu raison car sur les trois jours que nous passerons ici, nous ne reverrons pas le Cotopaxi aussi bien. 





En plus de sa parfaite situation, le Secret Garden est un endroit où l'on mange délicieusement bien. Nous avons apparemment la chance de tomber sur la semaine de la meilleure des deux cuisinières qui travaillent ici. 
La salle à manger est également très chaleureuse avec une longue table en bois pouvant accueillir l'ensemble des clients ainsi qu'un coin salon installé autour d'une cheminée. Et comme il n'y a pas de wifi, c'est ici que les gens passent de bons moments à discuter après leur journée de randonnée. 
Bref, tout est fait pour que l'on ne s'en aille jamais. En plus, les installations sont conçues pour être le plus écologiques possible. L'eau de pluie ainsi que l'eau d'une cascade en amont sont récupérées. Des toilettes réservées à la grosse commission aident à la fertilisation du sol pour un jardin magnifiquement fleuri. Afin d'attirer du monde, ces toilettes bénéficient de la meilleure vue du coin avec une baie vitrée géante donnant directement sur le Cotopaxi de jour et sur le ciel toujours chargé d'étoiles la nuit. 


La randonnée est l'activité principale de la région. En même temps, il serait dommage de ne pas explorer ces magnifiques montagnes qui nous entourent. Pour cela, dès le lendemain nous réservons une expédition. Et pas des moindres puisque nous choisissons la plus populaire: l'ascension jusqu'au pied du glacier du Cotopaxi. Pour la première fois, je vais tester mon corps à 5000m d'altitude. 

L'auberge est située à 3500m et je suis déjà au ralenti. La respiration est plus difficile. Le moindre effort provoque l'essoufflement. Très étrange comme sensation. 

Afin de nous échauffer un peu, Emma (une Canadienne) et Rob (un anglais), deux bénévoles du Secret Garden, nous emmènent en balade. Après une rando d'une heure à travers la forêt, nous atteignons une petite cascade toute mignonne. Le premier challenge du séjour est annoncé. Si nous sautons de la première cascade, une bière nous sera offerte. Pour vous mettre dans le contexte, la température extérieure ne dépasse pas les 15 degrés et l'eau doit être à 10-12, pas plus. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour une bière... Nous voilà donc au coeur de la Cordillère des Andes, quasiment à la même altitude que le Mont Blanc, en train d'escalader une cascade en maillot de bain. 
Le plongeon est littéralement à couper le souffle... Sensation glaciale qui se transforme heureusement très vite en un bien être absolu. Vos muscles se relâchent comme après un bon massage. Le massage est tout de même moins éprouvant...



Nous passons le reste de l'après-midi à faire connaissance avec les autres voyageurs. Une grande majorité est américaine mais il y a aussi des canadiens, des australiens, des anglais, un néo-zélandais, une allemande et une israélienne. Beau melting-pot ! C'est chouette de retrouver un peu de monde après deux mois dans le Pacifique où, principalement pour des raisons budgétaires et également les types d'hébergements, il est plus rare de rencontrer autant de backpackers. 

Puis le soleil se couche et c'est un sacré spectacle même si le Cotopaxi a disparu...


La première nuit se passe dans le dortoir  chauffé au feu de bois. D'autres dorment dans des maisons de Hobbits creusées dans la terre ou dans des petites cabanes en bois. Malgré le confort, l'altitude aura raison de notre sommeil,. Nous ne parvenons à dormir que quelques heures. Pas top, avant notre première ascension à 5000 ! 
Heureusement, un copieux petit déjeuner nous requinque. L'excitation fait le reste. 

Nous sommes une dizaine à avoir choisi cette rando. Elle n'est pas très longue car en voiture nous montons déjà jusqu'à 4500m. Mais elle est à pic et à très haute altitude. Les conditions météos sont désastreuses. Le vent souffle tellement fort que nous manquons de tomber à plusieurs reprises. Une pluie fine nous fouette le visage et la température ne doit pas être loin de zéro. Jamais je n'ai senti mon corps si lent. Nous montons lentement et devons nous arrêter tous les 4m. C'est frustrant après six mois de randos quasi quotidiennes. Mais là où nous voyons que nous sommes en forme, c'est sur la récupération. En qq secondes, notre coeur et notre souffle reviennent à la normale.
Contrairement à d'habitude, Céline et moi sommes tout de même en queue de peloton. En même temps, tous les autres sont en Équateur et donc en altitude depuis bien plus longtemps que nous. L'israélienne nous tire d'ailleurs son chapeau lorsqu'elle apprend que nous sommes arrivées à Quito l'avant veille. Nous ne mettrons que 40 minutes contre 60 en moyenne, pour atteindre le refuge où nous avons droit à une pause bien méritée. 
Ce refuge sert aux journées d'acclimatation pour les timbrés qui décident de tenter le sommet. Je dis tenter car seule une personne sur deux y parvient. En même temps le challenge n'est pas pour n'importe qui. Après une journée au refuge, il faut partir à 23h équipés de crampons. L'ascension dure 6h. 6h encordés à marcher sur la glace à la lumière de la frontale ou de la lune quand elle est pleine. La récompense est apparemment incroyable au lever du soleil mais  finalement peu de gens peuvent en témoigner et il faut être extrêmement chanceux sur la météo.  


L'ascension jusqu'au glacier nous suffit largement. Je ne suis pas encore prête pour l'alpinisme (désolée Quentin et Helen, il faudra attendre encore un peu pour que je vous accompagne dans vos périples les plus fous). 

Pour atteindre le glacier, il ne reste que 140m de dénivelé. Et bizarrement, ils passent comme une lettre à la poste. En moins de 15minutes, nous y sommes, nous sommes à 5000m et nous hurlons de joie !! Quel effort et quelle fierté. Nous immortalisons bien sûr le moment même si les conditions sont toujours aussi mauvaises. Quelques rares rayons de soleil laissent apercevoir la couleur rouge des rochers volcaniques expulsés lors de précédentes éruptions. La couleur tranche merveilleusement bien avec le blanc froid du glacier. 




La célébration de l'exploit ne dure pas longtemps, histoire de ne pas terminer en glaçon. A peine 20minutes plus tard, nous sommes de retour à la voiture, soulagés je l'avoue de retrouver un espace chaud et à l'abri du vent. 
Le repas copieux et le jacuzzi (oui j'ai oublié de parler de cette merveilleuse invention qui est ici placée stratégiquement en hauteur sous une verrière face au Cotopaxi) finiront de nous requinquer. 

Emma nous a gentiment prêté sa tente afin de prolonger notre séjour ici à moindre frais. Nous la testons lors d'une sieste bien méritée. Installées à flanc de montagne, abritées du vent par quelques bosquets, nous sommes bercées par les coassements de la mare aux grenouilles. Au top, je vous dis !

Le soir, après un dîner extrêmement copieux (depuis quand sert-on un délicieux tiramisu après un énorme burger ???), un Trivia géant est organisé. Cinq équipes sont formées et s'affrontent sur des thèmes divers et variés comme les répliques de films, l'Équateur, la géographie, les animaux, ou la musique. La soirée est super sympa. J'y apprends de nombreuses choses. Saviez-vous que:
- l'endroit le plus chaud de la planète est en Éthiopie 
- l'animal terrestre ayant les plus gros yeux est le cheval (je sais depuis notre séjour en Nouvelle-Zélande que dans l'eau le calamar géant remporte la palme)
- on peut trouver la mer de la tranquillité sur la lune
- la girafe a la plus haute pression sanguine
- le Danube traverse pas moins de dix pays 
- le cachalot éjacule 20 litres de sperme lors du coït et a le plus gros cerveau de tous les animaux (y a-t-il un lien de cause à effet ?)

Mon équipe ne s'en est pas trop mal sorti jusqu'au challenge final où il a fallu interpréter une des chansons du blind test. Nous avons tout simplement massacré "Happy" de Gorillaz. Les autres n'ont pas fait mieux mais au moins tout le monde s'est bien marré. 

Notre nuit en tente a été bien meilleure que la précédente. Plusieurs raisons peuvent être avancées : la fatigue bien sûr, l'acclimatation peut-être, les deux verres de vin rouge certainement. 

En tous cas, nous sommes d'attaque le lendemain pour une nouvelle rando. Cette fois, l'objectif est un sommet. Celui du volcan Pasachoa perché à 4220m. La balade traverse la dernière forêt primaire de toute la Cordillère des Andes. C'est triste quand on pense à la longueur de la chaîne de montagne qui s'étend sur toute l'Amérique du Sud. Les incas suivis des espagnols ont fait un sacré boulot de déforestation...


Plus haut, nous longeons un petit canal qui aurait potentiellement été creusé par les Incas. Il est taillé tellement profond à flanc de volcan qu'on le devine de très loin. 

Nous nous arrêtons un moment pour reprendre notre souffle (toujours un peu court) et profiter de la vue sur Quito et les volcans qui l'entourent. 

Le sommet est en vue. Nous longeons de magnifiques falaises pour l'atteindre. Les derniers mètres sont abrupts. C'est à bout de souffle que nous atteignons le rocher final. La vue nous décroche immédiatement un énorme sourire de satisfaction. 360 degrés de vue sur la vallée des volcans. Enfin disons 180 degrés car côté Cotopaxi c'est toujours  la foire aux nuages... Et dire qu'il y en a qui sont là-dessous en ce moment... 








Nous rentrons par un chemin différent à travers des champs d'herbes hautes sur lesquels les risées sont visibles comme sur l'eau. Par endroit, l'herbe est beaucoup plus courte et parsemée de magnifiques fleurs de toutes les couleurs dont les plus grosses marguerites que j'ai vues de ma vie. 


Au total, nous aurons mis 3h pour monter et 1h30 pour redescendre pour une rando de 14 km et 700m de dénivelé. En Nouvelle-Zelande, nous avons mis 30minutes de moins pour 5km et 200m de dénivelé en plus. Vive l'altitude !

A peine le temps de déjeuner et de plier la tente, qu'il nous faut quitter cet incroyable endroit paumé au milieu des Andes. Bravo aux propriétaires australo-équatoriens pour ce magnifique endroit !

Après une heure, notre mini-bus nous lâche à Machachi, au bord de la Panaméricaine. Ici les bus s'arrêtent sur cette quasi autoroute pour prendre les passagers qui vont vers le Sud (comme nous) ou vers Quito. A peine le temps de traverser les quatre voies à nos risques et périls que nous sommes déjà installées dans un bus pour Latacunga. Deux heures plus tard, nous sommes de nouveau lâchées au bord de la panaméricaine où un autre bus nous emmène au terminal. D'ici, il nous faut prendre un dernier bus en direction de Zumbaua. A la descente du bus, nous sautons dans un truck pour la dernière demi heure de route avant d'atteindre Quilotoa. Nous aurons mis six heures en tout mais au moins nous sommes au plus près de notre objectif: le cratère du Quilotoa situé à près de 4000m. 
Pour l'instant, il fait nuit et très froid. Nous partageons le repas avec les autres clients de notre nouvel hôtel et profitons du confort de deux grands lits aux couettes gigantesques comme chez mamie !

Jeudi. La nuit a été merveilleusement bonne et le petit déjeuner est de nouveau copieux (c'est vraiment sympa l'Equateur !). 
Nous n'avons pas beaucoup de temps devant nous et partons tôt découvrir le fameux cratère. Le village que nous traversons fait un peu ville morte. Quelques mules tirées par leurs propriétaires en tenues quechuas sont les rares signes de vie que nous constatons. En fait, c'est dans le cratère que ça se passe. 
Nous l'apercevons pour la première fois depuis une plate-forme en bois installée en hauteur. C'est incroyable ! Devant nous, un cratère parfait avec en son coeur un magnifique lac animé de grandes rafales de vent. Le reflet des nuages qui avancent à une vitesse fulgurante ajoute au spectacle. Le chemin qui descend au lac grouille de locaux qui montent et qui descendent avec ou sans chevaux. 



Nous nous baladons un petit moment. Dans le cratère, d'abord, puis sur la crête. 




Au bout d'une heure de bourrasques et de sable dans les yeux, nous décidons que c'est assez, que nous avons suffisamment profité de l'endroit certes incroyable mais où nous ne pourrions définitivement pas vivre car trop venteux. Il est temps de quitter les montagnes et de rejoindre la mer et Thibaud par la même occasion. 

Nous avons donc traversé une bonne partie du pays. Après trois bus et 18h de voyage avec une escale de nuit à Manta. Nous avons retrouvé notre acolyte (et non pas alcoolique) de l'Edhec à Montañita, petite bourgade de surfeur où les hommes se baladent torse nu... Les changements de paysages durant cette traversée ont été incroyables. Après la route de montagne tout en épingle à travers la Cordillère des Andes, nous avons traversé une jungle très dense parsemée de villages en bambous. On se croyait de retour en Asie. Incroyable !





Puis nous avons continué à descendre et trouvé un paysage plus plat et plus sec avant d'atteindre la mer. Rebonjour le Pacifique !Niveau température, c'est également un vrai choc. En moins de 24 h nous sommes passées de 5 à 30 degrés. Notre corps n'a qu'à bien se tenir !

Après tout cela, il est temps de se la couler douce. A nous la plage, la fête et le farniente. 

Plein de bisous. 



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