lundi 30 mars 2015

Émotions Cambodgiennes

Après avoir traversé la frontière Thailande Laos via une croisière sur le Mekong, j'ai voulu retenter l'expérience du Vietnam au Cambodge. Les paysages sont très différents. Comme le delta du Mekong est la région la plus peuplée du Vietnam, il y a des habitations tout au long de la rivière, parfois sur des villages flottants. On peut donc apercevoir plein de petits moments de vie au fil de l'eau: des enfants qui jouent, des femmes qui font la lessive, des hommes qui pêchent. De nombreuses routes sont interrompues par la rivière. Des barges permettent aux véhicules et aux passagers de traverser.



Pendant le trajet, l'employé de la compagnie de bateau récolte les passeports de tout le monde afin d'obtenir les visas. Je savais grâce à plusieurs amis voyageurs croisés en chemin, que les passages de frontières au Cambodge donnent souvent lieu à des arnaques organisées. J'étais donc préparée. Lorsque l'employé nous demande 34$, un couple de français étonné lui répond que d'après leurs informations, le Visa est à 25$. Il nous explique que les prix ont augmenté depuis octobre et que nos infos ne sont plus à jour. Pourtant, le Suisse qui est avec nous sur le bateau, a fait faire son Visa à Genève, un mois plus tôt, pour 25$... Nous décidons donc, les français et moi, de nous passer du service de la compagnie de bateau et d'obtenir le visa par nous-mêmes. La sortie du Vietnam se passe sans encombre. Tout le monde descend du bateau. Nous cherchons la douane. Nous voyons l'employé donner la pile de passeports à un douanier. On nous demande d'attendre. Pas de problème, on a tout notre temps. Après une quinzaine de minutes, nous obtenons notre tampon de sortie du territoire. Tout le monde remonte à bord et nous prenons la direction du poste frontière cambodgien. Les douaniers sont tranquillement installés à l'extérieur, sous un porche. Au dessus de leur bureau, un panneau indique que le visa est à 30$. Notre cher employé nous dit alors: "vous voyez, ça a augmenté. Et les 4$ supplémentaires sont des frais pour obtenir vos visas plus rapidement." Je lui réponds qu'il n'y a pas de queue et que je ne vois donc pas l'intérêt de payer pour aller plus vite. Je suis sûre de moi. Nous ne sommes pas pressés et le bateau ne va de toutes façons pas partir sans nous. Un peu énervé, il nous dit d'attendre dans un coin. Le reste des passagers (une vingtaine) obtient son visa en 10 minutes. Personne ne vient nous chercher. Les douaniers glandent. Je viens donc leur tendre mon passeport. Ils tirent un peu la gueule mais ils s'exécutent. Les français font la même chose. Les douaniers prennent bien leur temps. Ils leur faudra bien un quart d'heure pour faire nos 3 visas. C'était drôle à regarder. Ils sont hyper forts pour prendre leur temps. Aucun problème pour nous, surtout que 15 minutes, c'est le temps qu'ont mis tous les autres passagers à obtenir leur tampon d'entrée au Cambodge. Le visa en poche, nous sommes arrivés à la fin de la file d'attente et avons obtenu notre tampon directement. On a balancé un gros sourire aux douaniers un peu grognons puis nous avons rejoint les autres touristes sur le bateau. 90% du bateau s'est fait enfler de 4$ sans broncher. Une fille et sa mère ont vu notre remue ménage et ont gueulé pour se faire rembourser.  C'est quand même un bon taux de réussite et un sacré rendement!


Côté cambodgien les abords du Mekong sont de nouveau plus sauvages. Les villages se font plus rares. Puis les gratte-ciels de Phnom Penh apparaissent au loin. On longe le fameux Palais Royal que je visiterai plus tard. Puis le bateau nous débarque en plein centre ville. Je peux donc rejoindre l'hôtel que j'ai repéré, à pied.

La ville est très pauvre et sale. Des familles entières vivent dans la rue. Il y a pas mal de mendiants. Pour la première fois en Asie, je ne suis pas rassurée. L'anglais qui tient l'hotel, dans lequel je me suis installée, ne m'aide pas à me sentir plus à l'aise. Il recommande de faire très attention à ses affaires et déconseille de prendre un sac à la nuit tombée. Trois filles se feront arracher leur sac pendant mon séjour ici..

Pas de souci je m'adapte, il faut juste redoubler d'attention et être vigilant.


Je passerai l'après midi à me balader dans la ville. 

Je me suis retrouvée en pleine prière bouddhiste dans le temple le plus important de la ville: Wat Langka. J'y suis restée un bon moment après qu'une femme m'ait invitée à m'asseoir à ses côtés. Le moine qui donnait la prière était filmé afin que ses fidèles puissent le suivre à l'extérieur de l'édifice et peut être même à la télévision. Le temple est au milieu d'un véritable village dans la ville, entouré de remparts. De nombreux moines vivent dans cette enceinte.




Le Palais Royal étant fermé, j'ai continué à me perdre dans la ville. J'ai découvert des quartiers un peu plus chics, avec des boutiques et des cafés à la française. Nous avons laissé une grosse empreinte ici. Certaines rues et plusieurs magasins portent des noms français.

J'ai fini la balade par le plus ancien temple du Cambodge situé sur une minuscule colline au milieu de la ville: Wat Phnom ("colline du temple"). La légende dit que la grand mère Penh a construit ce temple pour protéger des statues de Bouddha découvertes dans un tronc d'arbre échoué sur les berges du Mekong. Le temple donnera plus tard son nom à la ville: Phnom Penh (le temple de Penh).





Le soir, de retour à l'hôtel, je rencontre Sarah, une anglaise qui voyage depuis 9 ans. Elle a vécu dans plein de pays différents en Europe et en Océanie. Nous ferons un bout de route ensemble.

La mère du patron de l'hôtel nous accompagne au marché de nuit qui se tient trois fois par semaine. C'est génial. Des stands de nourriture sont installés tout autour d'une aire de pique nique où les gens mangent sur un énorme carré de tapis. Complètement par hasard, je tombe nez à nez avec Aby et Sinead, les deux soeurs anglaises avec qui j'ai voyagé au Laos. Nous décidons de nous retrouver le lendemain pour dîner.


La journée du lendemain sera chargée d'émotions et d'histoire. Sarah et moi décidons de partager un tuk tuk pour nous rendre sur les principaux sites témoins des horreurs perpétrées par les khmers rouges. 



Nous commençons, aux aurores, par nous rendre à 15km de la ville, là où s'est terminé le voyage de milliers de cambodgiens: les killing fields de Choeung Ek. Il existe des dizaines camps d'exterminations dans tout le Cambodge. Celui-ci est le plus grand. 20000 personnes y ont été froidement assassinées. Ils arrivaient par camion de la prison S-21 de Phnom Penh. Au début, un camion par mois puis de plus en plus. A la fin, 300 personnes y étaient exécutées chaque jour. Le camp était caché derrière d'énormes murs. Personne ne savait ce qu'il s'y passait. Un énorme arbre est présent au milieu du site. On l'appelle l'arbre magique. Des hauts parleurs y étaient accrochés et crachaient des chants politiques afin de couvrir les hurlements des victimes.


Aucune arme à feu n'était utilisée toujours par souci de discrétion. Mais tout ce qui pouvait frapper, perforer, briser était bon pour tuer. Beaucoup de ces actes se passaient la nuit afin de ne pas éveiller l'attention.


Le lieu fut découvert au début de 1979, après la chute du régime de Pol Pot, par un paysan du village de Choeung Ek retournant chez lui et découvrant un arbre avec des cheveux et de la matière cérébrale incrustés dans l'écorce. On découvrira plus tard, qu'il s'agissait de l'arbre sur lesquels les bourreaux éclataient la tête des bébés avant de les jeter dans une fausse en contrebas avec leurs mamans. Ils disséminaient les familles de leurs "ennemis" afin de ne pas créer d'esprit revanchard.




C'est aujourd'hui un lieu de recueillement (un mausolée contenant des centaines d'ossements a été érigé en l'honneur des victimes), mais aussi de visite pour les touristes. De nombreux ossements ont été sortis des fosses et rassemblés dans un stupa au centre du site, mais le sol laisse entrevoir encore de nombreux restes humains (vêtements, os...). Ils remontent sous l'effet des pluies. Il y a d'ailleurs des écriteaux un peu partout demandant de faire attention à ne pas marcher sur les ossements. Le terrain s'étend sur deux hectares. Seule une petite partie a été volontairement mise au jour et vidée. Le nombre de fosses visibles est déjà suffisamment impressionnant..







Un audio guide permet d'apprendre énormément et de comprendre comment l'impensable est arrivé. Je ne me souviens pas d'avoir tant entendu parler de ses horreurs à part peut être quand le procès à commencé en 97.

Je ne savais pas que Pol Pot était venu puiser son idéologie en France au sein du parti communiste. Il a profité de l'épuisement des cambodgiens, après des années de guerre civile et de bombardements américains liés à la guerre du Vietnam, pour retourner le cerveau de milliers de pauvres (souvent des jeunes) vivant dans les campagnes. Il les a remontés contre les habitants des villes en les accusant d'être la cause de tous les maux du pays et surtout celle de la pauvreté des campagnes. C'est avec cette armée qu'il est parvenu à vider Phnom Penh de son million d'habitants en 48h !! Cette armée est d'ailleurs accueillie par des liesses au départ. Les habitants de Phnom Penh pensaient assister à une libération. Mais très vite la joie retombe. Les habitants sont poussés à rejoindre les camps de travail mis en place dans les campagnes. Les familles sont séparées. Le rêve de Pol Pot était de créer un pays auto-suffisant. Il a ainsi tué à la tâche des milliers de personnes qui devaient travailler 12h par jour dans des conditions horribles afin notamment de produire des quantités de riz impossibles à atteindre. En moins de 4 ans, 1/3 de la population du Cambodge soit près de 3 millions de personnes ont été tuées !


Ces lieux de mémoire ont pour but de ne pas oublier ce qu'il s'est passé et de comprendre comment c'est arrivé afin que les générations futures ne reproduisent pas les mêmes erreurs. Je n'y crois malheureusement pas.

Il est décourageant de voir à quel point de nombreux pays occidentaux ont été complices dans cette histoire. Ils ont au pire financé le régime au mieux fermé les yeux sur les atrocités qui s'y sont produites. Le régime de Pol Pot a eu le droit de siéger à l'ONU jusque dans les années 90. Il était encore considéré comme le régime au pouvoir vingt ans après la découverte des camps d'extermination !


Bref je pourrais encore en écrire des heures tellement cette visite m'a marquée. Je vous conseille vivement d'y aller un jour.


Cela permet aussi de comprendre les Cambodgiens et la tristesse qui semble avoir marqué à tt jamais leurs visages, principalement les plus âgés. Ce pays ne s'est toujours pas remis de cette période. En même temps, elle vient à peine de se terminer. 


Après les killing fields, notre tuk tuk nous a menées à la prison de Tuol Sleng ou S 21. Cette ancienne école fut transformée en prison. Elle fut la plus importante du pays. Celle dans laquelle furent torturés et tués de nombreux intellectuels, politiques, médecins ainsi que de nombreux Khmers rouges suspectés de trahison envers le régime. Leurs familles faisaient souvent partie du lot. Les prisonniers étaient attachés par dizaines à une barre de fer. Ils étaient entassés, allongés les uns à côté des autres, parfois complètement nus. Ils avaient interdiction de se parler. Certaines salles étaient entièrement réservées aux tortures. 

Les Khmers adoraient les preuves de ces massacres. Ils ont donc tenu des registres bien précis de tous les prisonniers mais ils ont surtout pris bcp de photos de leurs victimes. Beaucoup sont exposées dans la prison. Certaines, prises après des séances de torture, sont insoutenables. Ceux qui ne sont pas morts ici, étaient transférés après souvent plusieurs mois de violence, aux killing fields, pour leur dernier voyage. Il y a eu très peu de survivants de la prison de Tuol Sleng.






Nous avons terminé notre tour, de façon beaucoup plus légère, par le marché russe, appelé ainsi à l'époque où de nombreux touristes russes venaient visiter le Cambodge.

Tu peux y trouver absolument tout ce que tu veux. Des fruits et légumes bien sûr, de la viande, des souvenirs, mais aussi des pièces détachées pour tout type de véhicule, des tissus, des vêtements.. Bref tout et n'importe quoi.




Le soir je dîne comme prévu avec Sinead et Aby. Elles me racontent le Cambodge et moi le Vietnam. Puis je suis rentrée pas trop tard, d'un pas rapide et assuré. Pour la première fois en Asie, je sens des regards mal attentionnés et j'entends des sifflements. Je les ignore et trace ma route. Je suis contente d'arriver à l'auberge.


Le lendemain nous partons à pied avec Sarah. Au programme, le gigantesque palais royal puis le musée national. Le roi Norodum 1er s'est fait plaisir à la fin du XIXe. C'est gigantesque et majestueux. Les jardins sont magnifiquement entretenus. Des fresques recouvrent certains murs intérieurs. Des lustres géants illuminent les nombreuses salles. C'est un peu le Louvre cambodgien. Il y a de nombreux bâtiments: des palais et des pagodes. La véritable résidence du roi est interdite au public. Il n'est même pas autorisé de s'approcher du portail à l'entrée. Nous n'avions pas vu les panneaux interdisant l'accès. Nous avons été rappelées à l'ordre.






Le musée national est situé tout près dans un magnifique bâtiment en bois. On y trouve des pièces d'art de plusieurs époques ainsi que pas mal d'informations sur les différentes religions pratiquées dans le pays.



Il était ensuite temps de prendre notre mini bus pour Kampot. Une passagère cambodgienne nous propose de dormir dans sa guesthouse. Elle n'a que deux chambres à louer. C'est donc très calme et familial. Elle y vit avec son mari (un Russe que nous ne verrons pas), sa mère et ses demi soeurs. Nous y resterons trois nuits. Elles nous ont accueillies comme si nous étions de la famille, nous offrant même le repas un soir.


Kampot est un petit havre de paix. La ville est calme. Il n'y a pas trop de trafic et ni trop de monde. 

La communauté d'expat est de 300 personnes ce qui est pas mal vu la taille de la ville. Nous en avons rencontré une partie lors d'une soirée en l'honneur d'une fille qui partait après avoir passé plusieurs mois à former la population au recyclage et après les avoir fournis en poubelles. Nous avions vu les affiches éducatives promouvant cette pratique un peu plus tôt dans la journée.

D'autres initiatives tentent de protéger les enfants des différents trafics qui sont malheureusement assez nombreux ici. Un texte nous a marquées, Sarah et moi. Une affiche placardée sur un mur recommandait aux touristes de ne pas socialiser avec les enfants afin de les garder éloignés des prédateurs. Hyper dur mais tellement vrai. Je me suis donc promis de ne plus saluer, parler ou même sourire aux enfants sauf s'ils le font en premier. Ceux qui me connaissent savent que c'est un sacré challenge pour moi. Mais c'est pour le mieux. 


La ville est située au bord d'une rivière où il est possible d'observer chaque soir de jolis couchers de soleil. Nous l'avons fait, chaque soir.



Nous avons visité la région en scooter pendant deux jours. Tout d'abord Kep, petite ville située en bord de mer. Elle est connue pour ses fruits de mer, principalement le crabe qui a son propre marché. 





La région de Kampot, dont fait partie la ville de Kep, est également connue pour son poivre qui est apprécié des grands chefs et exporté dans le monde entier. Nous sommes donc allées visiter une production organique de poivre de Kampot. Un volontaire espagnol nous a fait visiter et expliqué comment se passait la culture de poivre. J'ai donc appris plein de choses. Qu'il soit vert, noir, rouge ou blanc, le poivre provient de la même plante et même de la même grappe. Les différences viennent du moment où les grains sont cueillis et du temps passé à sécher au soleil. Le poivre vert est le plus jeune et n'a pas du tout séché au soleil. Après quatre semaines laissé au soleil, il devient noir et correspond au poivre le plus utilisé dans nos assiettes.

Le poivre rouge provient des qq graines qui mûrissent plus vite sur les grappes. Il est ensuite séché deux semaines en plein air. Dépourvues de leur pellicule, les graines de poivre rouge sont blanches et constituent le poivre blanc. Le poivre rouge et blanc est donc plus rare et plus cher.

Je dégusterai, plus tard dans la journée, un plat typique de fruits de mer au poivre vert de Kampot. Un régal hyper savoureux! Je n'ai jamais pu goûter leur crabe, en revanche. Les deux restaurants où j'ai tenté le coup, n'en avaient plus. Le comble pour une région dont c'est la spécialité...




Notre tour à moto nous mènera également à une très belle plage où vit, très simplement, une communauté de pêcheurs. Dommage que de nombreux déchets dévastent le paysage. 

Nous n'étions plus qu'à qq km de la frontière vietnamienne. Nous avons d'ailleurs failli l'atteindre en loupant l'embranchement pour atteindre la plage. La piste que nous avons fini par trouver sillonnait au milieu des rizières.






Sur la route du retour, nous nous sommes arrêtées pour observer les paysans dans les productions de sel. Je ne sais pas pourquoi mais je trouve cela très beau.



Le lendemain, nous reprendrons la moto pour aller en montagne cette fois ci. Le parc national de Bokor s'étend sur des dizaines de km. Les critiques trouvées sur internet, nous avaient un peu refroidies. Il est vrai qu'une partie du paysage est détruite par la construction d'un énorme complexe hôtelier composé notamment d'un vieux casino construit dans les années 20 par les français. De nombreuses constructions sont encore en cours. Cependant, ce n'est qu'une infime partie du parc. Nous nous sommes baladées pendant plusieurs heures à moto avant d'apercevoir la moindre construction. La route est magnifique et sillonne au milieu de paysages assez différents, parfois très secs, parfois très verts. Niveau rando, c'est pas la folie mais nous avons fini par trouver un endroit d'où partent plusieurs treks. Faute de temps nous ne ferons que le petit parcours du combattant de 3 km dans la forêt.



Il y a également plusieurs cascades. La seule accessible en dehors d'un trek de plusieurs heures était à sec à cause de la saison. C'était cependant hyper impressionnant de la voir ainsi, sans eau. On pouvait ainsi voir l'effet de la pression de l'eau sur la roche.



Le parc comprend également des temples et de nombreuses ruines de l'époque coloniale française, notamment cette église à l'abandon.




Cette bonne journée à moto se terminera dans un petit havre de paix repéré par Sarah. Une petite plage au bord de la rivière de Kampot. Nous y resterons pour le coucher du soleil.


Le lendemain le bus passe nous prendre avec une demi heure d'avance!! Nous avons à peine le temps de demander à mettre notre petit dej, tt juste commandé, dans un doggy bag. Nous prenons la route pour Kho Rong. J'ai cette destination en tête depuis un mois, depuis que mes amis rencontrés au Laos y ont passé plusieurs jours. Après avoir découvert leurs photos sur Facebook, je me suis promis d'y aller. J'y retrouve d'ailleurs William. Le Mexicano-americain du groupe. Il s'est arrêté sur l'île et y bosse depuis 1,5 mois. C'est chouette de le retrouver.


L'île est belle mais ne me fait pas l'effet escompté. Encore un endroit qui a été complètement transformé pour les backpakers. On nous brief à l'arrivée. Les messages sont clairs: attention à vos affaires, respectez l'endroit, limitez l'usage du plastique (on peut remplir ses bouteilles plutôt qu'en racheter de nouvelles), respectez les locaux, ne vous baladez pas en bikini ou torse nu. Bref de bons messages qui ne sont malheureusement pas respectés.



Apres une soirée sympa avec William sur la côte "habitée" de l'île, nous décidons dès le lendemain matin de partir avec Sarah sur Long Beach, située de l'autre côté et d'y camper. William nous a prêté sa tente. La rando pour s'y rendre est sympa. Elle traverse la jungle pendant 45 minutes et se termine par un chemin très abrupt où il faut parfois désescalader des rochers. Nous sommes en nage et heureuses de voir le sable blanc et farineux, et la mer turquoise pour nous rafraîchir. 



Nous ne sommes bien sûr pas les seules à venir camper et durant la journée de nombreux bateaux débarquent avec des hordes de touristes. Mais la plage est suffisamment longue pour tout le monde. Et elle est magnifique. Nous constatons malheureusement que des chantiers de construction sont en cours même de ce côté de l'île. En arrivant, un bulldozer était en train de coucher des dizaines d'arbres pour déblayer un terrain. Des barges sont remplies de sable à grand coup de pelleteuse. Bientôt ce petit coin de paradis ne sera plus... C'est aussi la partie de l'île où est tournée l'émission de télé réalité Survivor. Kho Lanta y est passé en 2012. Ils tournent actuellement la version américaine. Un helico passe d'ailleurs plusieurs fois au dessus de nos têtes. Une partie de la plage est donc interdite d'accès.


Malgré tout, nous y passons une journée très paisible, à regarder l'horizon. 

Le soir, nous installons notre tente. Vers 22h, la pluie se met à tomber et ne s'arrêtera pas avant 1h du matin. Nous sommes trempées. La tente made in cambodia n'est pas vraiment waterproof. C'est pas grave. Nous sommes toujours mieux que ceux qui dorment dans des hamaks..

Le réveil est magnifique. Quoi de mieux qu'ouvrir sa tente de bon matin et d'avoir l'océan à perte de vue comme première image matinale? Nous profitons encore un peu de ce coin paisible puis repartons à pied retrouver la civilisation. 








Je retrouve William pour déjeuner. Une amie a lui nous apprend, encore sous le choc, qu'elle a sauvé une fille sur le point de se faire violer par des locaux à 5h du mat en retour de soirée. Déjà qu'il y a un mois un finlandais s'est fait envoyer à l'hôpital. Il s'est pris un coup de hache lors d'une dispute. Je ne suis pas surprise par cette violence. Après trois mois en Asie, je me pose beaucoup de questions sur les effets du tourisme dans ces pays. Cela apporte beaucoup à l'économie certes. Mais les effets sont aussi dévastateurs sur la population et pour l'écologie. Il y a encore 5ans cette petite île était paisible. Les hébergements se comptaient sur les doigts de la main. Les habitants vivaient de la pêche. En qq années seulement,  beaucoup d'argent est arrivé de l'étranger. Ils ont littéralement investi la plage. Puis les hordes de touristes ont débarqué. Souvent jeunes et immatures, leur intérêt principal est de trouver des endroits paradisiaques pour se bourrer la gueule, se droguer et faire la fête. Des familles cambodgiennes vivent, des enfants grandissent au milieu de cette débauche. Comment voulez vous que cela évolue dans le bon sens? Encore plus au Cambodge après ce qu'ils ont vécu.


Je sais que ce post est un peu négatif. Ne vous inquiétez pas pour autant. Je suis toujours très heureuse. J'essaie juste de partager mes émotions. C'est aussi pour cela que je voyage: m'ouvrir les yeux à la réalité que vivent ou qu'ont vécu tous ces peuples, les comprendre et parfois essayer de les aider. Je dois dire que le peuple Cambodgien me touche tout particulièrement.


Nous sommes maintenant retournées sur le continent. Je me suis réveillée sur une nouvelle plage ce matin. Ostres Beach située à l'est de Sianoukville. Un petit village touristique y est installé. L'ambiance est beaucoup plus paisible qu'à Kho Rong. Les cambodgiens ont le sourire et moi aussi ;-) ça fait plaisir à voir.


Je vous embrasse fort.