mercredi 27 mai 2015

Beauté des îles - Polynésie Française


J'ai d'abord commencé par remonter le temps et j'ai atterri au paradis. Celui dont j'entends parler depuis ma tendre enfance puisque des membres de ma famille y ont vécu, un de mes cousins y est même né. Depuis que je suis arrivée ici, je n'en reviens toujours pas. Je ne cesse de me répéter : punaise (en plus vulgaire bien évidement) JE SUIS A TAHITI !!!!

Lucie et moi (Céline ayant décidé de prolonger la Nouvelle Zélande d'une semaine) avons donc remonté le temps en traversant la ligne de changement de date des fuseaux horaires, nous permettant de vivre deux dimanches 17 mai. Le premier s'est passé au milieu des volcans du parc national Tongariro. Le deuxième s'est terminé au coucher de soleil dans la piscine de la colocation de Lucie avec vue sur Moorea. Tout peut donc arriver en une journée !!



Pour mon premier dîner polynésien, Lulu m'a emmenée aux roulottes en bord de mer de Papeete. Ici locaux et touristes dégustent principalement des plats à base de poisson. Sur conseil de ma copine, j'ai goûté leur délicieux sashimi de thon.

Le lendemain, nous sommes parties au contact des tahitiens. Nous avons commencé par le marché et ses étals de fruits exotiques, de colliers de coquillages et de paréos. Puis nous sommes passées voir les arrivages de perles. Il y en avait des milliers classées par formes (rondes, coniques, cerclées...), couleurs (noires, grises, roses...) et qualité (avec ou sans défaut). Je suis repartie avec une magnifique perle à mettre au poignet. Merci Lulu.







L'après-midi sera marquée par ma première sortie snorkeling polynésien dans le lagon en face du PK 15 (ici les lieux sont appelés par leur point kilométrique). Une belle raie léopard a fait son apparition.

La soirée s'est passée à la coloc : pizza et petit rosé. C'est chouette aussi de se poser dans une maison avec plein de monde. Surtout quand la maison dispose d'une piscine avec vue sur le lagon et Mooréa ;-)




Mardi, quasi toute la coloc (nous étions 7) s'est retrouvée au PK 15 pour une session de paddle. J'ai tout de même pris le masque et le tuba. Cela m'a permis de revoir une raie Léopard ainsi qu'une tortue. Je ne m'en lasse pas...
A midi, Jean-Paul, le papa d'un ami Tahitien me rejoint. Il vit depuis l'adolescence sur l'île. Autour d'un bon repas de poisson, il partage avec moi ses nombreux souvenirs et ses connaissances sur la Polynésie. Nous prenons ensuite le café dans la pension de son filleul. En chemin, nous nous arrêtons devant un Marae. Le Marae correspond au temple en Polynésie. C'est un lieu sacré qui servait aux activités sociales, religieuses et politiques. Il consiste généralement en une surface rectangulaire pavée de pierre ou de corail. Les villages se construisaient autour. Le chef logeait parfois à l'intérieur. Certains Marae étaient si importants que parfois tous les Maoris du Pacifique s'y réunissaient. Les fidèles débarquaient en pirogues depuis Hawaï, la Nouvelle Zélande, l'île de Pâques, les îles Tonga et Samoa et de toute la Polynésie... Une sacrée expédition. C'est le cas de celui de Raiatea : le Marae Taputapuatea. Encore aujourd'hui certaines fêtes y sont célébrées. 

La visite se termine sur la plage de PK 18 où de nombreuses tahitiennes viennent passer la journée avec leurs enfants. 


Le soir une grande fête à lieu dans la coloc. Barbecue et pinard pour fêter le départ de Lulu pour la France.
Le réveil à 5h du mat' pour l'aéroport pique un peu. Merci Lulu pour ces supers vacances en Nouvelle-Zélande, tes délicieuses poêlées de légumes, tes bonnes blagues (et ton rire aux miennes ;-) et pour ton formidable accueil à Tahiti. J'espère te retrouver en Argentine à la fin de mon périple.

A midi, il est temps pour moi de prendre l'avion et de rejoindre Rangiroa. Cet atoll fait partie de l'archipel des Tuamutu. Il est notamment réputé pour la plongée sous-marine. Je me régale déjà depuis l'avion d’où les vues sont incroyables. On aperçoit très bien le lagon au centre et les différents motus, nom donné aux îles formées par les récifs. Chaque zone immergée entre les motus est appelée hoa. Souvent le niveau d'eau est peu profond, il est alors possible de passer d'un motu à l'autre en marchant. Enfin il y a les passes. Il s'agit d'une faille profonde dans le corail permettant de réguler le niveau d'eau du lagon. De nombreux courants sont alors créés dans ces passes amenant avec eux une vie marine très dense. 



Jean-Paul m'a réservé une pension chez des amis à lui. L'accueil est super et la convivialité de cette grande famille m'accompagnera tout au long de mon séjour ici.
Je pensais dormir en tente et me voici installée dans un fare (prononcer faré) sur pilotis face à l'océan avec les requins pointes noires qui se baladent juste devant ma terrasse. Quel bonheur !




A peine le temps de manger un bout et de faire un petit tour de l'île avec Bibi, le loueur de voiture de Rangiroa, rencontré en chemin, que je fonce déjà au club de plongée « The Six Passengers » tenu par Hélène et Pitou, un couple hyper sympa ! Je suis tombée amoureuse de leur fils Timothée. Il n'a malheureusement qu’un an-;-) J'ai réservé une plongée au coucher du soleil. En général ce moment de la journée est très propice à la vie marine. C'est l'heure de la chasse pour beaucoup d'espèces.

J'ai tellement hâte de découvrir ces fonds mythiques et les fabuleux animaux qui y vivent. Sur un atoll, on plonge généralement dans les passes. L'on ne voit pas les mêmes choses selon les courants:
- entrant : l'eau passe de l'océan au lagon
- sortant : du lagon à l'océan
- l'étale : période de flottement plus ou moins longue lorsque le sens du courant bascule.

Pitou nous explique ce que nous allons chercher. La première partie de la plongée sera dédiée aux dauphins (spécificité du coin). Leur zone est assez grande, nous n'avons donc aucune garantie de les voir.

Ensuite nous irons nous placer dans le virage de la passe afin d'observer la reproduction de certains poissons. Les mâles font une sorte de danse autour de la femelle qu'ils ont choisie jusqu'à ce que cette dernière remonte d'un coup et libère ses œufs qui seront ensuite fécondés par les mâles qui attendent en dessous. Les œufs sont ensuite disséminés dans l'océan. En général, la reproduction a lieu en courant sortant, afin que les œufs ne se retrouvent pas coincés dans le lagon où la densité de prédateurs est beaucoup plus importante.

Après ce petit cours de vie sous-marine, nous prenons enfin le large. Nous sommes trois plongeurs à partir avec Pitou sur le zodiac. Au bout d'une dizaine de minutes de navigation le bateau s'arrête. Nous nous équipons et c'est parti, nous nous jetons à l'eau.
Pas le temps de dire ouf, de se mettre dans le bain, ils sont déjà là. J'entends leurs cris. Ils semblent contents de nous voir. Dix dauphins viennent d'apparaître dont une maman et son bébé qui, je l'apprendrai plus tard, ne doit avoir pas plus de deux jours. Ce moment est magique. Il passe bien sûr beaucoup trop vite mais les dauphins resteront tout de même quelques minutes à jouer avec nous. L'émotion a été tellement grande que j'ai foiré mon film Gopro. Je pensais l'avoir enclenché mais pas du tout. En revanche, je l'ai mise en route au moment où je pensais arrêter la vidéo. Du coup, à la place d'un magnifique film sur les dauphins, je me retrouve avec six minutes de combinaison et de détendeurs. Hyper utile ! Heureusement que les autres plongeurs ont été meilleurs que moi et qu'ils ont partagé leur vidéo.
Nous ne verrons pas la reproduction des poissons, le courant n'étant finalement pas favorable. Mais qu'elle importance après le moment que nous venons de vivre !




J'arrive à la pension des bulles plein les yeux. La famille m'invite à partager le repas du soir. Au menu, du poisson et des légumes délicieux dans une sauce Tahitienne. Nous faisons connaissance. Le moment est très sympathique. C'est la fête en ce moment. Les grands-parents et certaines des sœurs qui habitent sur d'autres îles sont venus rendre visite à la famille pour fêter le premier anniversaire d'une enfant de la famille. L'ambiance est bonne et détendue.

La fête a lieu le lendemain. Je ne serai pas présente car je pars plonger pour la journée. En revanche, je goûterai tous les plats en rentrant car ils en ont préparé pour un régiment : cochon, veau, sashimis de thon, pâtes, riz. Je me suis une nouvelle fois régalée. Certains invités sont encore présents. Je passe le début de soirée avec eux et m'effondre à 20h épuisée par les deux plongées.

La journée sous l'eau a été moins fructueuse  que la veille mais j'ai tout de même vu de belles choses. Les dauphins ont tout d'abord fait une très rapide apparition et j'ai pu apercevoir qq requins gris, pointes noires et pointes blanches ainsi qu'un beau poisson pierre. Un nouveau pote m'accompagnera durant toute la plongée. Il s'agit d'un raimora. Une ventouse lui permet de s'accrocher aux poissons plus grands que lui (en l'occurrence moi) afin de récupérer des morceaux de nourriture. On le retrouve souvent sous les raies manta. 



Pour les coraux, ce n'est définitivement pas l'endroit. Une tempête les a bien abîmés il y a plusieurs années et une algue a également fait quelques ravages.

Vendredi je suis partie en excursion pour la journée direction le lagon bleu.
Après une bonne heure de bateau, un dégradé de bleu turquoise apparaît, bordé de petites taches  vertes avec un liseré blanc. En approchant, un véritable paysage de carte postale se dessine. Chaque tache est un îlot avec sa plage de sable blanc. C'est magnifique !




Nous nous arrêtons aux abords d'un motu, autour du bateau des dizaines de requins pointes noirs vivent leurs vies. Pour atteindre l'île, il faut marcher au milieu d'eux. Certains passagers ne sont pas rassurés.



Après nous être installés sur notre îlot de rêve, nous partons à la découverte de l'île aux oiseaux. Le motu est à une centaine de mètres. Il faut de nouveau traverser au milieu des requins. Ils sont des dizaines et des dizaines. De tous âges, de toutes tailles, la visibilité est parfaite pour leur observation. Au bord de l'île aux oiseaux, un bébé requin citron fera également son apparition.












Au milieu de la balade, notre guide s'arrête et coupe une feuille de cocotier. Il me tressera un petit sac à main en qq minutes. Pour pas faire de jalouse, il en fabriquera un pour chaque femme au fil de la journée. Nous goûterons également le bénitier fraîchement ramassé. Le pied a le goût de coquille saint jacques. 



De retour sur le motu où nous avons débarqué, un énorme festin nous attend. Le thon et la coco sont à l'honneur. Sashimis de thon à la coco, thon cuit et pain de coco sont dévorés avec délectation au son du Ukulele.


La vaisselle se fait à l'eau de mer attirant les requins et les oiseaux marins. 



Qui a dit que les requins étaient méchants? 

La digestion se fera au large du motu, en snorkeling au milieu des requins. A la surface toujours et encore des pointes noirs mais au fond de l'eau quatre citrons de taille bien adulte font leur show. Ils ont été nommés ainsi à cause de leurs reflets jaunes. On entre dans la catégorie supérieure, le citron est déjà un bon requin de compétition !


D'un coup, je les vois qui s'affolent. Une personne restée dans le bateau vient de lancer quelque chose à l'eau. Ils ne vont tout de même pas les nourrir alors que nous sommes à l'eau !! Je me rapproche du bateau afin de m'éloigner de l'agitation qui se passe devant moi. En fait, nos deux marins s'amusent à leur jeter des noix de coco. Les requins pensent que c'est de la nourriture, et comme ils sont habitués à en avoir tous les jours, ils se jettent dessus mâchoire grande ouverte. Les citrons remontent brusquement à la surface pour avoir leur part. C'est le meilleur moyen d'avoir un accident. Je remonte à bord, dégoûtée. Mais je ne suis pas au bout de mes peines. Les marins demandent à tout le groupe de remonter car ils vont nourrir les requins. Les morceaux de poissons morts se mettent à voler. Dans l'eau l'excitation est à son comble. Tout le monde veut sa part du gâteau. Une fois que le seau de poisson est terminé, un des marins lance une ligne à l'eau, au bout une tête de poisson sert d'appât. Un des citrons mort à l'hameçon et je vois notre cher marin tirer sur la corde comme un malade attraper le requin par l'aileron pour le montrer au reste de l'équipage. J'ai limite cru qu'il allait le hisser à bord. Le requin se débat et montre bien ses dents. C'en est trop pour moi. Je refuse de regarder la scène et m'installe au bout du bateau pendant que le reste du bateau s'exalte devant ce triste spectacle. Vous ne verrez donc aucune photo des citrons. Je préfère photographier ces animaux lorsqu'ils sont sereins dans leur milieu naturel.

J'ai bien tenté d'expliquer aux marins que ce qu'ils faisaient n'était pas très malin. Ils sont persuadés que s'ils cessent de les nourrir les requins partiront. Je suis sûre que non. Il y a une bonne raison pour laquelle cet endroit est une nursery de requins et cela n'a rien à voir avec le fait qu'ils soient nourris tous les jours. Le lagon protège les bébés jusqu'à ce qu'ils atteignent la taille suffisante pour se défendre.
En plus le jour où un touriste se fera croquer  par accident, ce ne sont pas les requins qui partiront mais les touristes qui ne viendront plus.

Nous avons terminé la journée par un snorkeling en dérive tout près de la passe nord dans un endroit où les coraux étaient bien mieux préservés.
A l'arrivée au port, un requin dormeur faisait sa ronde juste en dessous de nos pieds. La nature n'est vraiment pas rancunière...

Samedi je suis partie découvrir une nouvelle île : Fakarava, la Mecque de la plongée en Polynésie. Après une matinée très sympa en compagnie de la famille qui tient ma pension à Rangiroa, je prends donc l'avion pour un petit trajet d'une heure.





Le survol est encore bluffant. D'en haut on se rend mieux compte de l'immensité de Rangiroa. Avec ses 80km de long, ses 32km de large et ses 250 Motus, il s'agit du deuxième plus grand atoll au monde. Tahiti et sa presqu'île pourraient entrer à l'intérieur. C'est énorme !

Fakarava est également impressionnant avec ses 60km de long et 21 km de large. C'est simple depuis la plage, à l'intérieur du lagon, l'on ne voit pas la terre en face mais l'horizon.



A l'aéroport, un ami de Jean-Paul me récupère. Il s'appelle Dominique. Ancien proviseur de lycée à la retraite et installé en Polynésie depuis des années, c'est un homme extrêmement intéressant qui a développé depuis longtemps une grande passion pour la plongée. Nous aurons de nombreuses discussions sur le sujet. Il m'a accueillie chez lui pendant quatre jours comme si je faisais partie de la famille. Un couple d'amis à lui, Christiane et Jean-Louis, partagera également le séjour avec nous. Ces quelques jours à Fakarava auront été comme des vacances dans les vacances. Ils seront rythmés par les plongées, les excursions et les moments de farniente à discuter de nombreux sujets autour d'un ti punch ou d'un Ricard.









Les repas ont également eu une grande importance durant le séjour. Beaucoup de poisson évidement mais j'ai également pu goûter à un plat étonnamment typique de la Polynésie : le chaomen. Il y a en Polynésie de nombreuses influences chinoises liées à l'histoire. Les chinois sont arrivés régulièrement depuis la fin du XIXe siècle, fuyant les conflits, les inondations et les conditions de vie difficiles de leur pays. Ils ont notamment été recrutés pour la culture du coton qu'ils maîtrisaient bien.


Les plongées ont été mémorables. Voici un petit extrait de ce que j'ai vu: ma première raie manta (l'eau), un mur de requins gris, une grotte à requins dormeurs, des napoléons géants, des barracudas, des thons, des bancs géants de poissons chèvres et de perches pagaies, une crevette arlequin, des poissons pierre, des balistes picasso, des balistes bleus...

Des milliers d'espèces partagent la zone. Un véritable aquarium avec au fond de magnifiques coraux de toutes sortes.





Je n'ai pu plonger que sur la passe nord. La houle, assez importante durant mon séjour, empêchait la création d'un bon courant rentrant dans la passe sud. Or, cette passe est connue pour son mur de requin en courant rentrant.
J'y ai tout de même fait une excursion en bateau. Le trajet de deux heures était un peu sportif à cause des vagues mais le jeu en valait la chandelle.

En effet, l'autre bout de l'atoll est également magnifique. Et la faune est riche. Les Napoléons et les pointes noirs semblaient apprivoisés tellement ils nous approchaient au bord de l'eau.
Après une bonne session de snorkeling, l'odeur du barbecue nous a fait sortir de l'eau.
Au menu, un poisson chirurgien, des langoustes, ainsi que le maintenant classique thon cru au lait de coco. Je suis sortie repue. Après le repas, les bancs de sable rose me serviront de parfait spot pour la sieste avec vue sur les kite surfers qui s'amusent sur le motu d'à côté.













Voici le résumé de mes dix premiers jours en Polynésie. J'ai dit au revoir à mes compagnons de séjour autour d'un délicieux repas au bord du lagon. 




Le rêve éveillé continue puisque je pars dans quelques heures rejoindre l'île de Moorea située à une heure de bateau de Tahiti. J'y rejoint Céline pour de nouvelles aventures à deux. Vendredi nous nous envolerons pour Maupiti, une derniére île polynésienne avant le passage sur un nouveau continent et pas des moindres : l'Amerique Latine. 


La suite au prochain épisode.


Plein de bisous.

Camille.


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