samedi 27 juin 2015

En altitude - Cotopaxi - Equateur


Après notre merveilleux séjour aux Galapagos, nous sommes de retour sur la terre ferme. En une semaine, nous sommes même passées de 30m de profondeur à 5000m d'altitude. Mon corps ne doit rien y comprendre. Le changement de décor est également radical ! 

Nous avons commencé par une petite halte à Quito. Nous avons bien fait car, nous le constaterons très vite, l'acclimatation à l'altitude est indispensable. 
Contentes de notre premier séjour ici, nous avons retrouvé notre charmante auberge de jeunesse où nous sommes accueillies comme à la maison. Elle est tenue par une famille vénézuélienne qui a fuit la violence de son pays quelques années plus tôt. Le père s'excuse pour le comportement du Colombien de la dernière fois et nous explique qu'il l'a foutu dehors après avoir appris ses exploits/ébats par un autre client. Il veut vraiment qu'on se sente comme à la maison. Trop gentil !

Ayant quatre jours devant nous avant de rejoindre notre pote Thibaud sur la côte pour ses dix jours de vacances, nous avons pensé visiter le centre du pays et ses magnifiques volcans. Comme tout se passe à merveille durant ce voyage, nous n'avons rien organisé et avons laissé la magie opérer. Du coup, lorsque l'anglaise rencontrée aux Galapagos nous parle d'un petit havre de paix avec une vue imprenable sur le Parc National de Cotopaxi, nous gardons le nom en tête. Dimanche soir, après un après-midi de paresse nous nous décidons à pass er quelques coups de fil pour la journée du lendemain. Le seul à répondre est le Secret Garden. Et tout s'enchaine à merveille. Il nous suffit de nous rendre à leur bureau de Quito le lendemain matin et une navette nous mènera à l'auberge. 

C'est ainsi que nous nous retrouvons dès lundi midi, soit 24h après notre départ des Galapagos, au coeur de la cordillère des Andes, en compagnie d'une quinzaine de voyageurs, autour d'une longue table en bois avec une vue imprenable sur le volcan en activité le plus haut du monde. Le Cotopaxi culmine à 5897m. Il est souvent caché dans les nuages. Il n'est donc pas rare de ne pas le voir pendant plusieurs jours. Mais lorsque nous arrivons, le ciel se dégage, laissant percevoir les contours quasi parfaits de ce magnifique volcan. Les bénévoles de l'auberge (en Amerique Latine, de nombreux backpackers travaillent dans les auberges de jeunesse en échange du logement et du couvert) sont surexcités et nous hurlent de sortir nos appareils photos. Et ils ont eu raison car sur les trois jours que nous passerons ici, nous ne reverrons pas le Cotopaxi aussi bien. 





En plus de sa parfaite situation, le Secret Garden est un endroit où l'on mange délicieusement bien. Nous avons apparemment la chance de tomber sur la semaine de la meilleure des deux cuisinières qui travaillent ici. 
La salle à manger est également très chaleureuse avec une longue table en bois pouvant accueillir l'ensemble des clients ainsi qu'un coin salon installé autour d'une cheminée. Et comme il n'y a pas de wifi, c'est ici que les gens passent de bons moments à discuter après leur journée de randonnée. 
Bref, tout est fait pour que l'on ne s'en aille jamais. En plus, les installations sont conçues pour être le plus écologiques possible. L'eau de pluie ainsi que l'eau d'une cascade en amont sont récupérées. Des toilettes réservées à la grosse commission aident à la fertilisation du sol pour un jardin magnifiquement fleuri. Afin d'attirer du monde, ces toilettes bénéficient de la meilleure vue du coin avec une baie vitrée géante donnant directement sur le Cotopaxi de jour et sur le ciel toujours chargé d'étoiles la nuit. 


La randonnée est l'activité principale de la région. En même temps, il serait dommage de ne pas explorer ces magnifiques montagnes qui nous entourent. Pour cela, dès le lendemain nous réservons une expédition. Et pas des moindres puisque nous choisissons la plus populaire: l'ascension jusqu'au pied du glacier du Cotopaxi. Pour la première fois, je vais tester mon corps à 5000m d'altitude. 

L'auberge est située à 3500m et je suis déjà au ralenti. La respiration est plus difficile. Le moindre effort provoque l'essoufflement. Très étrange comme sensation. 

Afin de nous échauffer un peu, Emma (une Canadienne) et Rob (un anglais), deux bénévoles du Secret Garden, nous emmènent en balade. Après une rando d'une heure à travers la forêt, nous atteignons une petite cascade toute mignonne. Le premier challenge du séjour est annoncé. Si nous sautons de la première cascade, une bière nous sera offerte. Pour vous mettre dans le contexte, la température extérieure ne dépasse pas les 15 degrés et l'eau doit être à 10-12, pas plus. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour une bière... Nous voilà donc au coeur de la Cordillère des Andes, quasiment à la même altitude que le Mont Blanc, en train d'escalader une cascade en maillot de bain. 
Le plongeon est littéralement à couper le souffle... Sensation glaciale qui se transforme heureusement très vite en un bien être absolu. Vos muscles se relâchent comme après un bon massage. Le massage est tout de même moins éprouvant...



Nous passons le reste de l'après-midi à faire connaissance avec les autres voyageurs. Une grande majorité est américaine mais il y a aussi des canadiens, des australiens, des anglais, un néo-zélandais, une allemande et une israélienne. Beau melting-pot ! C'est chouette de retrouver un peu de monde après deux mois dans le Pacifique où, principalement pour des raisons budgétaires et également les types d'hébergements, il est plus rare de rencontrer autant de backpackers. 

Puis le soleil se couche et c'est un sacré spectacle même si le Cotopaxi a disparu...


La première nuit se passe dans le dortoir  chauffé au feu de bois. D'autres dorment dans des maisons de Hobbits creusées dans la terre ou dans des petites cabanes en bois. Malgré le confort, l'altitude aura raison de notre sommeil,. Nous ne parvenons à dormir que quelques heures. Pas top, avant notre première ascension à 5000 ! 
Heureusement, un copieux petit déjeuner nous requinque. L'excitation fait le reste. 

Nous sommes une dizaine à avoir choisi cette rando. Elle n'est pas très longue car en voiture nous montons déjà jusqu'à 4500m. Mais elle est à pic et à très haute altitude. Les conditions météos sont désastreuses. Le vent souffle tellement fort que nous manquons de tomber à plusieurs reprises. Une pluie fine nous fouette le visage et la température ne doit pas être loin de zéro. Jamais je n'ai senti mon corps si lent. Nous montons lentement et devons nous arrêter tous les 4m. C'est frustrant après six mois de randos quasi quotidiennes. Mais là où nous voyons que nous sommes en forme, c'est sur la récupération. En qq secondes, notre coeur et notre souffle reviennent à la normale.
Contrairement à d'habitude, Céline et moi sommes tout de même en queue de peloton. En même temps, tous les autres sont en Équateur et donc en altitude depuis bien plus longtemps que nous. L'israélienne nous tire d'ailleurs son chapeau lorsqu'elle apprend que nous sommes arrivées à Quito l'avant veille. Nous ne mettrons que 40 minutes contre 60 en moyenne, pour atteindre le refuge où nous avons droit à une pause bien méritée. 
Ce refuge sert aux journées d'acclimatation pour les timbrés qui décident de tenter le sommet. Je dis tenter car seule une personne sur deux y parvient. En même temps le challenge n'est pas pour n'importe qui. Après une journée au refuge, il faut partir à 23h équipés de crampons. L'ascension dure 6h. 6h encordés à marcher sur la glace à la lumière de la frontale ou de la lune quand elle est pleine. La récompense est apparemment incroyable au lever du soleil mais  finalement peu de gens peuvent en témoigner et il faut être extrêmement chanceux sur la météo.  


L'ascension jusqu'au glacier nous suffit largement. Je ne suis pas encore prête pour l'alpinisme (désolée Quentin et Helen, il faudra attendre encore un peu pour que je vous accompagne dans vos périples les plus fous). 

Pour atteindre le glacier, il ne reste que 140m de dénivelé. Et bizarrement, ils passent comme une lettre à la poste. En moins de 15minutes, nous y sommes, nous sommes à 5000m et nous hurlons de joie !! Quel effort et quelle fierté. Nous immortalisons bien sûr le moment même si les conditions sont toujours aussi mauvaises. Quelques rares rayons de soleil laissent apercevoir la couleur rouge des rochers volcaniques expulsés lors de précédentes éruptions. La couleur tranche merveilleusement bien avec le blanc froid du glacier. 




La célébration de l'exploit ne dure pas longtemps, histoire de ne pas terminer en glaçon. A peine 20minutes plus tard, nous sommes de retour à la voiture, soulagés je l'avoue de retrouver un espace chaud et à l'abri du vent. 
Le repas copieux et le jacuzzi (oui j'ai oublié de parler de cette merveilleuse invention qui est ici placée stratégiquement en hauteur sous une verrière face au Cotopaxi) finiront de nous requinquer. 

Emma nous a gentiment prêté sa tente afin de prolonger notre séjour ici à moindre frais. Nous la testons lors d'une sieste bien méritée. Installées à flanc de montagne, abritées du vent par quelques bosquets, nous sommes bercées par les coassements de la mare aux grenouilles. Au top, je vous dis !

Le soir, après un dîner extrêmement copieux (depuis quand sert-on un délicieux tiramisu après un énorme burger ???), un Trivia géant est organisé. Cinq équipes sont formées et s'affrontent sur des thèmes divers et variés comme les répliques de films, l'Équateur, la géographie, les animaux, ou la musique. La soirée est super sympa. J'y apprends de nombreuses choses. Saviez-vous que:
- l'endroit le plus chaud de la planète est en Éthiopie 
- l'animal terrestre ayant les plus gros yeux est le cheval (je sais depuis notre séjour en Nouvelle-Zélande que dans l'eau le calamar géant remporte la palme)
- on peut trouver la mer de la tranquillité sur la lune
- la girafe a la plus haute pression sanguine
- le Danube traverse pas moins de dix pays 
- le cachalot éjacule 20 litres de sperme lors du coït et a le plus gros cerveau de tous les animaux (y a-t-il un lien de cause à effet ?)

Mon équipe ne s'en est pas trop mal sorti jusqu'au challenge final où il a fallu interpréter une des chansons du blind test. Nous avons tout simplement massacré "Happy" de Gorillaz. Les autres n'ont pas fait mieux mais au moins tout le monde s'est bien marré. 

Notre nuit en tente a été bien meilleure que la précédente. Plusieurs raisons peuvent être avancées : la fatigue bien sûr, l'acclimatation peut-être, les deux verres de vin rouge certainement. 

En tous cas, nous sommes d'attaque le lendemain pour une nouvelle rando. Cette fois, l'objectif est un sommet. Celui du volcan Pasachoa perché à 4220m. La balade traverse la dernière forêt primaire de toute la Cordillère des Andes. C'est triste quand on pense à la longueur de la chaîne de montagne qui s'étend sur toute l'Amérique du Sud. Les incas suivis des espagnols ont fait un sacré boulot de déforestation...


Plus haut, nous longeons un petit canal qui aurait potentiellement été creusé par les Incas. Il est taillé tellement profond à flanc de volcan qu'on le devine de très loin. 

Nous nous arrêtons un moment pour reprendre notre souffle (toujours un peu court) et profiter de la vue sur Quito et les volcans qui l'entourent. 

Le sommet est en vue. Nous longeons de magnifiques falaises pour l'atteindre. Les derniers mètres sont abrupts. C'est à bout de souffle que nous atteignons le rocher final. La vue nous décroche immédiatement un énorme sourire de satisfaction. 360 degrés de vue sur la vallée des volcans. Enfin disons 180 degrés car côté Cotopaxi c'est toujours  la foire aux nuages... Et dire qu'il y en a qui sont là-dessous en ce moment... 








Nous rentrons par un chemin différent à travers des champs d'herbes hautes sur lesquels les risées sont visibles comme sur l'eau. Par endroit, l'herbe est beaucoup plus courte et parsemée de magnifiques fleurs de toutes les couleurs dont les plus grosses marguerites que j'ai vues de ma vie. 


Au total, nous aurons mis 3h pour monter et 1h30 pour redescendre pour une rando de 14 km et 700m de dénivelé. En Nouvelle-Zelande, nous avons mis 30minutes de moins pour 5km et 200m de dénivelé en plus. Vive l'altitude !

A peine le temps de déjeuner et de plier la tente, qu'il nous faut quitter cet incroyable endroit paumé au milieu des Andes. Bravo aux propriétaires australo-équatoriens pour ce magnifique endroit !

Après une heure, notre mini-bus nous lâche à Machachi, au bord de la Panaméricaine. Ici les bus s'arrêtent sur cette quasi autoroute pour prendre les passagers qui vont vers le Sud (comme nous) ou vers Quito. A peine le temps de traverser les quatre voies à nos risques et périls que nous sommes déjà installées dans un bus pour Latacunga. Deux heures plus tard, nous sommes de nouveau lâchées au bord de la panaméricaine où un autre bus nous emmène au terminal. D'ici, il nous faut prendre un dernier bus en direction de Zumbaua. A la descente du bus, nous sautons dans un truck pour la dernière demi heure de route avant d'atteindre Quilotoa. Nous aurons mis six heures en tout mais au moins nous sommes au plus près de notre objectif: le cratère du Quilotoa situé à près de 4000m. 
Pour l'instant, il fait nuit et très froid. Nous partageons le repas avec les autres clients de notre nouvel hôtel et profitons du confort de deux grands lits aux couettes gigantesques comme chez mamie !

Jeudi. La nuit a été merveilleusement bonne et le petit déjeuner est de nouveau copieux (c'est vraiment sympa l'Equateur !). 
Nous n'avons pas beaucoup de temps devant nous et partons tôt découvrir le fameux cratère. Le village que nous traversons fait un peu ville morte. Quelques mules tirées par leurs propriétaires en tenues quechuas sont les rares signes de vie que nous constatons. En fait, c'est dans le cratère que ça se passe. 
Nous l'apercevons pour la première fois depuis une plate-forme en bois installée en hauteur. C'est incroyable ! Devant nous, un cratère parfait avec en son coeur un magnifique lac animé de grandes rafales de vent. Le reflet des nuages qui avancent à une vitesse fulgurante ajoute au spectacle. Le chemin qui descend au lac grouille de locaux qui montent et qui descendent avec ou sans chevaux. 



Nous nous baladons un petit moment. Dans le cratère, d'abord, puis sur la crête. 




Au bout d'une heure de bourrasques et de sable dans les yeux, nous décidons que c'est assez, que nous avons suffisamment profité de l'endroit certes incroyable mais où nous ne pourrions définitivement pas vivre car trop venteux. Il est temps de quitter les montagnes et de rejoindre la mer et Thibaud par la même occasion. 

Nous avons donc traversé une bonne partie du pays. Après trois bus et 18h de voyage avec une escale de nuit à Manta. Nous avons retrouvé notre acolyte (et non pas alcoolique) de l'Edhec à Montañita, petite bourgade de surfeur où les hommes se baladent torse nu... Les changements de paysages durant cette traversée ont été incroyables. Après la route de montagne tout en épingle à travers la Cordillère des Andes, nous avons traversé une jungle très dense parsemée de villages en bambous. On se croyait de retour en Asie. Incroyable !





Puis nous avons continué à descendre et trouvé un paysage plus plat et plus sec avant d'atteindre la mer. Rebonjour le Pacifique !Niveau température, c'est également un vrai choc. En moins de 24 h nous sommes passées de 5 à 30 degrés. Notre corps n'a qu'à bien se tenir !

Après tout cela, il est temps de se la couler douce. A nous la plage, la fête et le farniente. 

Plein de bisous. 



dimanche 21 juin 2015

Vingt mille lieux sous les mers - Santa Cruz, Santa Fe, Pinzón, Daphne y San Cristóbal - Galapagos


Pour notre deuxième semaine aux Galapagos, nous continuons notre exploration des nombreuses îles de l'archipel mais cette fois les visites se passent principalement sous l'eau.


Mardi nous partons pour la journée sur Santa Fe. Une île inhabitée située à 1h de bateau à l'Est de Santa Cruz. 

Nous longeons d'abord les falaises de l'île. Des fous à pattes bleues y ont fait leurs nids. 



La journée est ensuite rythmée par trois séances de snorkeling et un des plus beaux moments de ce voyage. Nous avons passé une heure à jouer avec une colonie d'otaries dans une baie qui semble entièrement habitée par elles. Elles sont partout : sur la plage, sur les rochers, dans l'eau. Nous venons à peine de rentrer dans l'eau, qu'elles viennent nous chatouiller le masque de leurs moustaches, comme pour faire connaissance. Quel pied ! Bon ok, je l'avoue il y a quand même eu quelques moments un peu stressants. Comme par exemple, lorsque l'énorme lion de mer est passé voir ce qu'il se passait. Vous nous auriez vues déguerpir en vitesse... Nous avons rarement nagé aussi vite avec Céline. Il faut dire que les mâles peuvent être un peu agressifs lorsque l'on s'approche de leurs femelles. Du coup, dans le doute, nous avons préféré nous éloigner un peu.

Avant de repartir déjeuner sur le bateau, nous nous sommes retrouvées avec une dizaine d'otaries jouant avec nous. Nous ne savions où donner de la tête. Comme plusieurs fois dans ce voyage, j'ai eu envie d'arrêter le temps, juste un petit peu, pour profiter un peu plus longtemps de ce moment magique. Nous sortons de l'eau avec la banane !!










Nous déjeunons dans la baie puis nous repartons. 


Le spot d'après est tout aussi génial. Nous y croisons deux pingouins qui avancent à une vitesse fulgurante. J'ai quand même réussi à prendre qq photos ! Puis un requin pointe blanche pointera le bout de son nez, et les poissons perroquets montreront leurs dents (qui ressemblent sérieusement à celles d'un cheval non???). Incroyable mère nature. Elle ne cesse de me surprendre. Encore plus sous l'eau et d'autant plus aux Galapagos où l'on constate vraiment l'évolution de certaines espèces dans un environnement difficile mais j'y reviendrai un peu plus loin. 





Le dernier spot ne sera pas très fructueux. Nous y cherchons les tortues vertes des Galapagos. Nous en verrons quelques unes mais depuis le bateau uniquement. Pas de regret nous avons déjà été bien gâtées aujourd'hui.


Mercredi, un autre tour nous attend. Il nous mène sur deux îles inhabitées. Pinzón d'abord, située au Nord-Ouest de Santa Cruz, puis Daphné, petit île volcan au Nord-Est.

Vu l'état de la mer, nous sommes contentes d'atteindre le Nord de Santa Cruz en voiture. Il nous faut ensuite presque deux heures de bateau pour rejoindre le premier spot de snorkeling sur Pinzón. Il est situé autour d'un trio de rochers en pleine eau. Notre guide sort de la cabine du bateau en parfaite tenue de maître nageur. On notera son magnifique slip de bain bleu. Comment ai-je pu oublier de le prendre en photo... J'étais certainement focalisée sur la vie marine une nouvelle fois très riche. En effet, sous ces gros cailloux, nous croisons plusieurs tortues, de beaux poissons tropicaux dont une belle rascasse, ainsi que quelques requins et raies.




Sur le deuxième spot nous assistons à une scène assez incroyable. Au moment où nous jouons avec des otaries, un requin pointes blanches fait une apparition remarquée. Je n'en avais jamais vu de cette couleur : un bleu gris hyper intense. Magnifique ! Mais ce qui est incroyable c'est que l'otarie s'est mise à le titiller : lui fonçant dessus, lui tournant autour, elle va même jusqu'à lui attraper la queue. Pas farouche la coquine.





Après le déjeuner, nous passons un moment sur une plage de Santa Cruz. De nombreux iguanes marins vivent ici ainsi que les crabes des Galapagos. Il y a aussi de quoi faire dans le ciel : frégates, Pelicans, fous à pattes bleues, fous à pattes rouges, fous masqués. Voyez-vous ce morceau de peau rouge qui pend sous le cou des frégates. Il s'agit du goitre que les mâles déploient afin de courtiser les femelles. Malheureusement, le seul que j'ai vu en action était trop loin pour une photo... Merci Google image.













C'est également sur cette plage que j'ai eu ma première proposition d'embauche du voyage. Notre magnifique guide moule-bité, m'a proposé un poste de commerciale dans son agence de voyage. Si je dois revenir travailler un jour ici ce ne sera certainement pas dans une des centaines d'agences de voyage qui existent sur ce petit territoire. Je pencherai plutôt pour un projet de protection de la réserve naturelle. J'ai donc gentiment refusé.


Nous reprenons ensuite le bateau pour Daphné. Cette île est entièrement constituée d'un volcan. Nous longerons une partie sous l'eau en compagnie de quelques otaries et autres requins pointes blanches.




Jeudi nous plongeons à nouveau !!!! Direction Gordon Rocks au nord-est de Santa Cruz. Le surnom de ce spot, connu pour la plongée, est "la machine à laver". En effet, les courants peuvent y être très puissants et aller dans tous les sens. Mais qui dit courant, dit vie marine très riche, et c'est ça qui est bon !

Nous voilà donc parties pour une heure de voiture et une heure de bateau. A bord, 3 débutants et six certifiés. Pendant que les premiers font leur baptême, nous avons donc droit à une petite séance de snorkeling dans une baie abritée. Nous y voyons quelques otaries certes mais cela nous laisse surtout largement le temps de nous refroidir. C'est un peu bête vu la température de l'eau lors des deux plongées suivantes. Cela ne gâchera heureusement pas le plaisir mais j'ai trouvé cela moyen. L'eau est à 24-25 degrés à 30m. Cela peut vous paraître beaucoup mais quand tu restes 45 minutes à cette température, ton corps se refroidit très vite. Et quand tu commences la plongée en grelottant, il n'y a pas vraiment moyen de te réchauffer. Bref, peu importe, la prochaine fois je zapperai le snorkeling de départ.

Nous nous immergeons donc sur le tombant d'un des deux gros rochers de Gordon et nous partons en balade. Les conditions sont assez difficiles. La visibilité est faible, pas plus de 8m, et l'eau n'est pas très chaude, vous l'aurez compris. Pour le courant, je m'attendais à pire. Il fallait effectivement s'accrocher aux rochers parfois et il y a bien eu un moment de machine à laver où notre instructeur a fait un 360 sur lui même mais sinon j'ai connu pire. Niveau faune, nous avons été gâtées : tortues, poissons scorpions, murènes, un banc de raies pastenagues, des anguilles jardinières ainsi que des requins pointes blanches parfois seuls, parfois en groupes. Ces derniers sont impressionnants vus d'en dessous. Mais ce que tout le monde vient voir sur Gordon Rocks, ce sont les requins marteaux. Nous y avons eu droit à la toute fin de la deuxième plongée. Ils sont passés juste en dessous de nous par dizaines.


















En remontant, nous constatons le teint livide des débutants restés à bord. La houle a eu raison de leur estomac. Ils ont rendu tripes et boyaux les pauvres. Une nouvelle fois, pas très malin de la part du club d'avoir organisé la journée de cette façon. Espérons que cela n'ait pas dégoûté ces pauvres gens de la plongée sous marine. A part ce petit couac, nos deux plongées se sont hyper bien passées avec ce club (Albatros Dive Center pour ceux que cela intéresse). Ils font très attention à la sécurité. Ce qui est loin d'être le cas de tous les clubs du coin. Nous avons par exemple, enfilé notre équipement au complet afin de le tester dans la baie où les débutants faisaient leur baptême. Cela ne m'était jamais arrivé en 60 plongées.

Merci à Orlane et Rem d'avoir testé différents clubs avant notre arrivée. Je ne vous en demandais pas tant ;-)


Vendredi commence de façon épique. Nous prenons le bateau pour San Cristobal. Il est 6:30 du matin. Une famille d'américains s'enfile deux énormes pizzas. Je me demande s'ils ont déjà fait quelques traversées ou s'il s'agit de la première de leur séjour... Ils s'installent juste en face de moi. Au bout d'1h30 de navigation mouvementée, je vois le papa demandé un sac à sa femme. Le garçonnet à ses côtés est blême comme un linge. Mais trop tard, il rend son petit dej entier au milieu du bateau et par la même occasion sur mon sac, nos tongs et mes pieds. Celine et moi sommes mortes de rire. C'était tellement couru d'avance.

Il a tout de même fallu passer la dernière heure de navigation avec le vomi au milieu du bateau.

Soulagées d'arriver à San Cristobal, nous ne descendons pas à terre. Le bateau qui doit nous emmener en excursion nous attend depuis une bonne demi heure. Du coup, nous sautons d'un bateau à l'autre. En récupérant nos gros sacs dans la cabine, nous constatons que notre yaourt a explosé, repeignant une bonne partie du sac de Celine et celui d'autres passagers par la même occasion. La journée commence vraiment bien !! Mais nous gardons le sourire. Un nettoyage à l'eau de mer fera l'affaire pour le moment (pour la petite histoire nous n'avons toujours pas réussi à ravoir le sac. Quatre jours plus tard et après deux lavages il pue toujours le yaourt fermenté. Céline est ravie !)

Et la cerise sur le gâteau est qu'une fois à bord, nous avons la surprise de retrouver un couple d'allemands que nous cherchions à tout pris à éviter depuis notre rencontre la semaine précédente sur le volcan d'Isabela. Elle est tout simplement insupportable, très bruyante et omniprésente. Lui est complètement effacé à tel point que cela en devient gênant. Il arrive de faire des rencontres moins sympa que les autres.

Ces petits inconvénients du jour ne gâcheront en rien la merveilleuse journée que nous passons aux alentours de San Cristobal. Kikers Rock également appelé Léon dormido ("le lion endormi" - on comprend aisément pourquoi lorsque l'on aperçoit ce rocher fendu depuis la mer) est la destination principale du jour. Nous passons bien deux heures dans l'eau (toujours pas très chaude) à découvrir les moindres recoins de ce superbe spot de plongées. Les tombants sont impressionnants et attirent de nombreuses tortues et poissons tropicaux. Une colonie d'otaries s'est installée en contrebas des rochers. Mais le clou du spectacle restera le tunnel entre deux rochers dans lequel nous nageons en compagnie de dizaines de requins pointes blanches et quelques raies aigles. Impressionnant !

















Tout en déjeunant, nous rejoignons une plage située sur la côte Ouest de San Cristobal. Elle abrite également une colonie d'otaries ainsi que des iguanes marins. 




Après une heure de farniente, nous rentrons au port de Baquerizo Moreno. Il s'agit en fait de la capitale des Galapagos. Nous n'étions pas certaines de pouvoir nous y rendre. Quelques tensions sociales ont secoué la ville en début de semaine. L'armée a été envoyée sur place. Il nous est très difficile d'obtenir des informations précises sur les revendications des manifestants mais il semble que le gouvernement équatorien souhaite baisser les salaires des fonctionnaires locaux et augmenter certains impôts. Un changement de gouvernance de la réserve naturelle serait également envisagé, passant sous l'égide du ministère de l'environnement, ainsi qu'une redéfinition de ses frontières qui risquerait de se solder par une ouverture aux investisseurs étrangers. Les locaux se battent donc pour protéger leur archipel et leur niveau de vie. Nous les comprenons !

Lorsque nous débarquons dans la ville, aucune trace des tensions récentes sauf peut être une présence policière un peu plus importante que d'habitude.


En plein milieu de la ville à deux pas de notre hôtel une autre colonie d'otarie est installée. Nous les entendons du balcon. 





Une fois installées, nous trouvons l'énergie de parcourir les trois km qui nous séparent de la loberia. Cette petite baie bien exposée à la houle et au vent héberge une colonie d'otaries dont des bébés qui n'ont pas plus d'un mois. De vraies peluches que tu as envie de ramener chez toi. Le seul problème avec cette idée est qu'il faut quand même supporter leur odeur extrêmement forte et désagréable ainsi que leurs bêlements puissants (oui oui je vous jure, ils bêlent comme les chèvres).

L'heure est à la sieste et pas que pour les otaries...







Nous rentrons au coucher du soleil croisant encore et toujours quelques iguanes sur notre chemin. Sur la route, une voiture de police s'arrête et se propose de nous ramener en ville. Pourquoi pas ! Ils sont en mission pendant un mois le temps que les tensions se calment. Nous n'osons pas poser trop de questions. Ils s'intéressent à notre voyage et nous disent que pour eux aussi la vie est chère aux Galapagos.




Le soir, après notre maintenant classique Merienda (menu du soir à base de soupe, riz, haricots rouges, viande ou poisson), nous assistons à la manifestation culturelle d'une communauté indigène. Ils dansent en tenues traditionnelles sur des airs joués par un orchestre. Ils sont tout petits. Darwin y aurait sûrement trouvé une raison liée à l'évolution de l'espèce humaine.


Nous en apprenons d'ailleurs d'avantage au sujet de cette théorie le lendemain, lors de notre dernière journée aux Galapagos. Nous prenons la direction du centre d'information de San Cristobal. Ce musée est une mine d'or pour ceux qui s'intéressent à l'histoire des Galapagos depuis leur création ainsi qu'à la faune et la flore de la région.



On y apprend que comme beaucoup d'îles du Pacifique, les Galapagos ont été utilisées comme bagne, comme base militaire (les Américains s'y sont installés juste après Pearl Harbor) ainsi que comme zone d'essais militaires. L'impact sur l'environnement a bien sûr été dramatique. La période noire restant le XVIe et XVIIe siècles quand l'archipel servait de réservoir d'eau et de vivre pour les bateaux de passage. Plus de 100000 tortues géantes sont tuées. La chasse à l'otarie et à la baleine se développe à la même époque. Certaines espèces sont totalement exterminées.


Une autre partie de l'exposition relate comment l'archipel a été découvert. Le navigateur Tomás de Berlanga, en route vers l'Espagne depuis le Panama afin de prévenir le roi de la récente reconquête Inca, se retrouve, au niveau de la Colombie, à dériver emporté par des courants très forts alors que le vent est totalement absent. Son équipage est au bord de la pénurie d'eau et de vivres lorsqu'ils aperçoivent des côtes alors inconnues. Il leur a tout de même fallu une bonne semaine d'excursion sur plusieurs îles pour trouver de l'eau potable. Plusieurs marins moururent de soif. Dans sa lettre au roi, le navigateur décrit une terre dont les uniques habitants sont des lions de mer, des tortues si grosses qu'elles pourraient toutes transporter un homme sur leur dos, et de nombreux iguanes qui ressemblent à des serpents. Ils parlent également de ces oiseaux qui ressemblent à ceux que l'on peut trouver en Espagne mais qui sont tellement bêtes qu'ils ne savent pas voler, permettant aux marins de les attraper à la main. Il s'agissait en fait de cormorans dont les espèces endémiques des Galapagos sont dépourvues d'ailes. Darwin expliquera que l'absence de prédateur et la nourriture suffisamment abondante sur les îles qui les hébergent ne nécessitera pas la croissance de leurs ailes lors de leur évolution.


Darwin a une place toute particulière aux Galapagos. Une bonne partie de l'exposition est donc consacrée à son exploration des îles. Au total son expédition à bord du Beagle durera 5 ans. Il ne passera que cinq semaines aux Galapagos mais c'est ici que serait née sa théorie de l'évolution. En effet, les conditions particulièrement drastiques de ces îles volcaniques et les différences topographiques de chacune d'entre elles, ont demandé aux espèces animales et végétales une adaptation importante tant physique, que dans la façon de se déplacer ou de se nourrir. Voici quelques exemples flagrants. Sur le continent les tortues terrestres ne mesurent pas plus de 50 cm et pèsent jusqu'à 8 kg. Elles seraient les ancêtres des tortues géantes de Galapagos qui elles mesurent jusqu'à 1,50m pour 250 kg !!! Quant aux iguanes, sur le continent ils vivent dans les arbres et se nourrissent de plantes et d'insectes. Leurs potentiels cousins des Galapagos ont vu leur queue s'aplatir afin de faciliter la nage nécessaire pour atteindre les algues qu'ils consomment.

Mais le plus bel exemple d'évolution reste celui des pinsons. Ces petits oiseaux se sont installés sur toutes les îles des Galapagos. Pas moins de 13 sous-espèces sont nées de leur évolution. Les formes de becs sont les différences les plus visibles. Elles permettent à certains de manger des insectes, à d'autres de manger des plantes quand certains se sont retrouvés avec un bec long et fin afin de se nourrir du sang d'autres animaux.


La dernière exposition évoque les dangers auxquels l'archipel est confronté aujourd'hui. Elle commence par cette phrase introductive qui en dit long : "hasta ahora, el futuro de los humanos dependía de las islas. Hoy, el futuro de las islas depende de los humanos." ("Jusqu'à maintenant, le futur des humains dépendaient des îles. Aujourd'hui, le future des îles dépend des humains."). La partie sur les conséquences du tourisme de masse a particulièrement attiré mon attention. Elle démontre comment la croissance exponentielle du nombre de touristes, la baisse du montant dépensé par chacun, et le développement des vols et des croisières gérés depuis le continent ont réduit les revenus dont bénéficiait la réserve et donc les moyens de la préserver. Je comprends le problème mais doit on seulement réserver ce genre d'endroits primordiaux pour la planète aux touristes aisés ? Je crois beaucoup au pouvoir de l'éducation et n'est-ce pas en découvrant ces lieux par soi-même en compagnie de guides qualifiés que l'on apprend à les préserver. De mon point de vue, il faut continuer à contrôler le nombre de touristes par sites (le nombre de bateaux autorisés à visiter chaque île est limité, ils n'ont pas tous le droit d'accoster...) tout en conservant des moyens de les visiter pour tous les budgets. Mais ce n'est que mon petit avis.


Après cette bonne heure éducative, notre parcours nous mène sur plusieurs plages et points de vue sur la ville de Baquerizo Moreno ainsi que sur la côte ouest de San Cristobal. Elle est quasi entièrement habitée par les otaries. Au sommet d'une colline, Darwin veille au grain. Sur une autre, un canon qui n'a rien à faire là mais qui témoigne d'un passé pas si éloigné où l'île servait à des essais militaires.






Dans une très jolie crique, nous nous accordons une dernière pause snorkeling. Je réalise que l'otarie que je rencontre sera probablement la dernière avec qui je peux partager un moment privilégié. Je m'en donne donc à cœur joie. Ce sont vraiment d'incroyables animaux super réactifs. Ils te regardent, t'imitent, te frôlent, te touchent parfois. C'est génial.







Il est ensuite temps de rentrer. Nous passons par l'intérieur des terres histoire de bénéficier de nouvelles vues sur l'océan, et de traverser une dernière fois ces paysages rocailleux et verts à la fois. 






Petite pause déjeuner qui sera composé, pour changer, d'une soupe, de riz, de viande et d'un jus de citron. Le midi on parle d'almuerzo. On peut constater qu'entre le menu du midi et celui du soir, seul le nom change...


Nous prenons ensuite notre bateau de retour sur Santa Cruz. La traversée est beaucoup plus calme qu'à l'aller et c'est tant mieux. Le mélancolie me gagne un peu. Je suis triste de quitter cette réserve magnifique où les animaux et la nature sont certes rescapés, mais semblent aujourd'hui s'épanouir aux côtés des humains. Il est tellement rare de trouver des îles inhabitées sur lesquels la faune est si dense que quelque soit l'endroit que tu observes tu y vois une scène de vie. J'espère que les équatoriens sauront la conserver comme elle est et qu'ils parviendront à trouver un bon équilibre avec le tourisme. En tous cas, les locaux que nous avons rencontrés ont tous conscience qu'il faut en prendre soin. Espérons que le gouvernement suive l'exemple...


Plein de bisous.


Photos : https://drive.google.com/open?id=0B-gmY_DQGzJvfmpFbTM0T1pHeHFNZnZiaHYyc2FmaVp4cEc3V3NFdW1rUUJKZHFKaFp3Nzg