mercredi 2 septembre 2015

Paysages indescriptibles : de l'Amazonie au Salar d'Uyuni - Bolivie


Lundi 17 août départ pour la jungle. Et pas n'importe laquelle : la grande, la belle, la magnifique Amazonie. Après deux mois de montagne, de froid, un petit passage au chaud ne va pas faire de mal. Je suis super contente de ressortir la robe et le maillot de bain. 

C'est en compagnie de mes deux nouvelles amies québécoises Amélie et Stéphanie que je fais l'expédition. Pour nous y rendre, nous avons opté pour l'avion. En effet, entre 45 minutes de vol et minimum 18h de bus (quand tout va bien car j'ai rencontré des voyageurs qui ont mis 4 jours à cause de plusieurs éboulements...) sur une route vertigineuse, le choix n'est pas difficile...
Nous ne pouvions toutes prendre le même vol. Je pars donc seule pour l'aéroport prendre celui de 10h30. Je savais qu'il y avait souvent des retards sur les vols et cela n'a pas loupé. Lorsque j'arrive à l'aéroport, on m'apprend que tous les vols de la journée sont retardés d'au moins une heure. Le mien partira avec deux bonnes heures de retard. J'ai eu le temps de retrouver les filles à l'aéroport ainsi qu'André le Canadien rencontré lors de l'ascension du Huayna Potosi. Leur vol est autant à la bourre que le mien. Nous aurons au moins attendu une partie ensemble. C'est tout de même plus sympa. 


Je ne suis toujours pas au top de ma forme. Je n'ai qu'une hâte me poser au soleil au bord d'une piscine. 
Le vol est un peu agité car nous survolons une énorme chaîne de montagne à bord d'un minuscule avion. Cependant les vues sont spectaculaires surtout que l'on fait du rase motte. En effet, avec des sommets à plus de 6000m, il n'est pas possible d'aller beaucoup plus haut notamment avec un temps de vol aussi court. 
A la sortie de l'avion, l'humidité et la chaleur m'envahissent. Quel bonheur !
Un taxi moto me même à bon port. Qu'est ce que c'est chouette de se laisser porter à l'arrière d'une bécane. Une nouvelle fois j'arrêterais bien le temps un moment. 

Le premier hostel que j'ai repéré a des lits disponibles et je suis en charge de la réservation pour mon équipe de choc. Je prends le luxe de nous réserver une chambre pour quatre avec salle de bain privée. On va être bien !
En attendant les autres, je me trouve un hamac confortable au bord de l'eau, dans lequel je passe l'après-midi. 

La clique canadienne débarque quelques heures plus tard. Parfait timing pour l'apéro. Nous profitons un peu de la piscine puis nous partons goûter quelques plats locaux au restaurant. Ce n'est pas aussi varié qu'au Pérou. La plupart des plats sont généralement composés de viande (souvent  poulet mais aussi boeuf) avec du riz, et les soupes, de pâtes et de pommes de terre.  La soirée se termine autour d'une caiperiña digestive et de fruits. Je craque pour un milkshake banane oreo en souvenir de l'Asie. 

Mardi commence notre excursion dans la jungle. Enfin, dans la pampa plutôt où la forêt est moins dense et donc où il est plus facile de voir des animaux.
Nous sommes une vingtaine à partir avec la même agence. Ils nous répartissent par groupes de huit dans des 4*4. Et c'est parti pour trois heures de piste à manger de la poussière. Mon groupe est composé d'un Australien, de 4 Anglais, d'Amélie et Stéphanie. Nous passerons les trois jours suivants ensemble guidés par One, un enfant du pays qui devrait être au repos vu la belle entaille qu'il a à la main suite à un accident de machette. 


Après la piste, c'est un bateau qui nous attend. Enfin, il s'agit plutôt d'une longue pirogue à moteur. Pendant presque trois heures nous naviguons sur un bras de l'Amazone et commençons à découvrir les richesses de sa faune et sa flore. Les animaux les plus nombreux sont les caïmans. Ils sont des centaines à se prélasser au bord de l'eau le sourire jusqu'aux oreilles. Il y a également beaucoup d'oiseaux comme  les Ferérés, espèce préhistorique dont le cri fait vraiment penser à un dinosaure. Les hérons sont souvent perchés aux sommets des arbres. De nombreux autres oiseaux de toutes les couleurs font leur apparition, notamment des flamands roses. Nous croisons également des singes ainsi que les fameux dauphins roses dont la couleur proviendrait des crabes qu'ils consomment. 
Enfin, nous verrons quelques Capybaras, ces animaux sont les plus gros rongeurs d'Amérique Latine. Ils sont impressionnants par leur taille ! 
Qu'il est bon de se faire transporter au milieu de toute cette nature !

















Nous atteignons le camp en fin de journée. Tout est en bois, construit sur pilotis. Les passerelles qui joignent les dortoirs sont dans un état un peu limite mais c'est sympa. 

Une fois installés, nous reprenons le bateau pour aller voir le coucher du soleil tout en sirotant une petite bière. Sympa aussi la pampa pour les couchers de soleil !





Au retour, j'ai la mauvaise surprise de constater que nous avons eu un visiteur dans notre dortoir. Un singe, intéressé par les pommes que j'avais dans mon sac, a réussi à le trouer avec ses dents. En revanche, il n'a jamais réussi à choper les pommes... Me voilà bien avec un trou dans mon sac... Je n'ai plus qu'à acheter un de ces écussons au couleur de la Bolivie et à le coudre sur le trou.

Notre premier dîner dans la pampa est délicieux et bien copieux. Nous nous régalerons d'ailleurs pendant trois jours et remercierons la cuisinière comme il se doit. Franchement les meilleurs repas que j'ai eus dans une excursion depuis que je suis en Amérique Latine ! On s'est gavé !

Mercredi nous chaussons les bottes en caoutchouc. Aujourd'hui cela ne déconne pas. Nous partons chasser l'anaconda, armés de nos appareils photos. C'est que l'animal ne rend pas la chose évidente puisqu'il vit dans les lacs et les marécages. Nous voici donc au milieu de nulle part à marcher tant bien que mal dans les marécages, de l'eau jusqu'aux genoux à la recherche d'un serpent pouvant atteindre près de dix mètres de long. Quelle idée !
Nous sommes comme des gosses à pouvoir salir nos fringues, sauter dans la boue, sans nous faire disputer. Seule les deux anglaises du groupe, un peu princesses sur les bords, tirent un peu la gueule. L'une d'elle s'arrête d'ailleurs au bout de vingt minutes et restera perchée sur un arbre en nous attendant. 
Nous marchons pendant près de deux heures mais notre patience finit par payer. Le guide d'un autre groupe découvre un anaconda d'une quinzaine d'années (un ado quoi!) juste devant nous. Ce couillon manquant soit disant de se faire mordre balance l'animal comme une vieille chaussette. L'Australien se le prend en plein dessus heureusement sans mal (en tous cas pour lui). S'en suis une désolante séquence photo où le pauvre serpent est trimbalé de mains en mains, et même secoué dans tous les sens par certains touristes peu scrupuleux. Je finis par  leur demander de respecter l'animal car ils risquent de le blesser. 
Le guide lui rend enfin sa liberté. Pauvre bête. 



Ça c'est quand je vide mes botes. 

Et ça c'est quand l'eau est allée se glisser au mauvais endroit...





De retour au camp, nous avons droit à un délicieux déjeuner et à quelques heures de farniente. Puis nous partons à la chasse aux dauphins roses cette fois ci. Le challenge étant d'oser se mettre à l'eau sachant qu'elle est marron et infestée de caïmans et autres piranhas... Après quelques hésitations, nous finirons tous par y aller. Les crocodiles ne mangent que la nuit à priori...
Les dauphins quant à eux sont venus nous voir de très près. Merci pour cet incroyable cliché André !


Le soir nous retournons boire une bière au coucher du soleil avant de nous coucher tôt car demain le réveil sonne aux aurores. Objectif lever de soleil sur la pampa. 




Nous partons ensuite pour une petite séance de pêche aux piranhas et aux poissons chats. Pour cela, il faut pêcher à la viande. Nous mettons donc des morceaux de bidoche au bout de nos hameçons. Quand ça mort, il ne faut pas traîner car ces bestioles ont vite fait de se faire la malle. 
Nous sommes plutôt efficaces. Au bout d'une heure, nous rentrons avec huit beaux poissons chats et un piranha que nous dégustons au déjeuner. 



La fin du dej est interrompue par un attroupement à l'extérieur. Un groupe parti chasser l'anaconda, en a ramené un énorme sur le camp pour ceux qui n'ont pas eu la chance d'en trouver la veille. Je suis la scène de loin pour ne pas être dégoûtée et préfère prendre l'animal en photo lorsque tout le monde est parti et avant que le guide le ramène dans son milieu naturel. 

Il est ensuite temps de rentrer. Nous reprenons notre pirogue. Les guides s'amusent à faire la course. Bonnes petites sensations de glisse sur l'Amazone. 
Il faut enfin se retaper la piste en quatre quatre. On en prend plein le dos et les poumons mais ça se mérite l'Amazonie. 

Je suis censée prendre mon vol de retour sur La Paz mais lorsque le guide me dépose à l'aéroport, j'apprends que tous les vols de la journée ont été annulés et qu'ils sont tous repoussés au lendemain. Il semble que nous ayons dit trop fort que nous n'étions pas pressés de retrouver le froid de La Paz. 

Amazonas, la compagnie aérienne, est incapable de nous dire à quelle heure partiront nos vols le lendemain mais ils promettent d'essayer de nous mettre toutes les trois ensemble avec les filles. 
En attendant, nous ne nous laissons pas abattre par la situation et profitons du beau temps pour paresser dans la piscine avec une bière.

Au moment, de partir dîner, sans nouvelle d'Amazonas, nous repassons à l'agence. Finalement, notre retour est programmé sur deux vols séparés mais au moins, ils sont prévus les deux pour le lendemain. C'est que nous souhaitons continuer le voyage ensemble et n'avons plus tellement de jours à perdre. Stéphanie rentre en Suisse dans une semaine. Je dois être au Sud du pays le 1er Septembre pour deux semaines de bénévolat dans une école. Et il nous reste l'immanquable Salar d'Uyuni à découvrir ainsi que les villes de Sucre et Potosi. 

En revanche, c'est grillé pour la descente en VTT de la "route de la mort" que j'avais réservée avant de partir dans la jungle. Dommage, il paraît que les paysages sont incroyables. Cette route a été surnommée ainsi car elle a été la route la plus dangereuse du monde à un moment. Seule route entre la jungle et le reste du pays, de nombreux camions l'utilisaient notamment  pour transporter les fruits. Nombreux sont ceux qui ont fini dans le ravin de cette route montagneuse et escarpée. Aujourd'hui, une nouvelle route a désengorgé celle-ci permettant aux groupes de VTTistes de s'en donner à coeur joie pour dévaler près de 3000m de dénivelé. Il faudra que je revienne  pour expérimenter tout ça !

Pour oublier nos malheurs nous terminons la journée autour d'un bon repas occidental agrémenté d'un délicieux Malbec argentin. Nous retrouvons par hasard notre guide One avec qui nous passons un moment. Il nous raconte comment le tourisme a commencé à Rurrenabaque lorsqu'un israélien venu chercher de l'or s'est perdu dans la jungle pendant plusieurs semaines avant d'être retrouvé grâce aux indications d'un shaman.
Il a écrit un livre pour expliquer comment il a survécu et c'est ainsi que les stages de survie dans la jungle ont commencé à attirer les touristes d'Israel d'abord puis du reste du monde. 

Le lendemain, le couperet tombe au petit dej. Aucun avion ne décollera aujourd'hui non plus. 

Il semble que les imprévus dans les transports sont un peu plus monnaie courante en Bolivie qu'ailleurs en Amerique Latine. Nous décidons donc de revoir notre programme. Le site que nous voulons voir à tous prix est le Salar d'Uyuni. C'est donc là que nous nous rendrons en premier. Nous verrons pour la suite selon le temps qu'il nous reste. 

En attendant, il faut réussir à quitter Rurrenabaque. Afin de ne pas perdre trop de temps, nous devons nous résigner à prendre le bus en priant pour que rien ne nous ralentisse. 
Une fois nos billets d'avion annulés, nous partons donc directement pour le terminal terrestre. Un Bolivien, que j'arrête au moment où il allait démarrer, accepte gentiment de nous y déposer. Nous réservons le bus de 11h30 pour une arrivée prévue à 6h du matin à La Paz. 
Si c'était à refaire nous aurions profité un peu plus de la piscine de notre hostel et pris un bus plus tard. 
En effet, le nôtre s'est d'abord arrêté 3h dans un patelin en attendant que la route de montagne, en travaux actuellement, ouvre. Chaque jour, elle ouvre à 17h donc pourquoi nous faire partir si tôt de Rurrenabaque ???? Avoir plus de temps pour remplir le bus à priori...

Nous nous arrêtons une nouvelle fois pour dîner vers 22h30. Puis vers 1h30 du mat' des cris me réveillent. Une femme à bord hurle pour que l'on descende du bus. Elle semble effrayée par quelque chose. En fait, un camion est en panne devant nous et notre bus essaye de le contourner sauf que la place entre le camion et le précipice est insuffisante. 
Nous voilà donc tous à descendre du bus au milieu des montagnes en pleine nuit. Heureusement il ne fait pas trop froid. Nous sommes encore dans la partie tropicale. Je constate d'ailleurs sur mon GPS que nous n'avons pas parcouru plus de 40km en 3h... Probablement à cause de cette panne.  Beaucoup de véhicules sont sur le bas-côté à attendre une solution miracle. On n'est pas rendu !

Après un moment de réflexion, les chauffeurs se mettent d'accord et décident de bouger le véhicule en panne de quelques mètres pour voir si le reste de la flotte passe. Les hommes sont mis à contribution pour pousser le camion pendant qu'il est tiré par un autre véhicule. Tout cela sur une route super escarpée bordée d'un précipice bien profond. 

Notre bus manœuvre chirurgicalement et finit par passer sous des tonnerres d'applaudissements. Nous remontons à bord et repartons. Je constate que la route est vraiment dans un sale état. Le deuxième chauffeur doit parfois sortir pour aider son collègue sur certains passages délicats. 

Je parviens tout de même à me rendormir et me réveille à La Paz à 6h pétante ! Qui l'eût cru. Nous avons réussi à quitter Rurrenabaque et notre bus n'a même pas de retard. Bon ok, Andre le Canadien a pu profiter d'une journée piscine avant de prendre le bus de 18h30 et arriver à 10h à La Paz évitant toutes les attentes inutiles... On ne peut pas gagner à tous les coups !

Comme nous n'avons peur de rien et que j'ai aussi décidé d'ignorer mon mal de dos pour avancer, nous ne nous accordons qu'une escale de quelques heures à La Paz. Le temps de nous faire rembourser nos billets et autres excursions annulées, de faire quelques emplettes, de repasser au marché pour goûter les pastels de queso (pâtisserie au fromage) qui nous faisaient envie depuis longtemps (et à raison !), et goûter à nouveau aux incroyables sandwichs à l'avocat ainsi que les copieuses salades de fruits d'Amazonie,  nous revoilà dans un bus. 16h de route cette fois-ci en direction de Tupiza d'où partent les plus belles expéditions pour le Salar d'Uyuni. 


Comme vous pouvez l'imaginer, après deux bus de nuit d'affilée, nous ne sommes pas au summum de notre forme à l'arrivée. La journée à Tupiza sera donc calme. Surtout que quatre jours de 4*4 nous attendent ensuite...
Nous trouvons une super auberge dès notre arrivée à 6h du matin. Le temps de nous installer, le petit déjeuner est prêt. Nous pensions ensuite faire le tour des agences pour dégoter le meilleur plan pour l'excursion jusqu'au désert de sel. Nous commençons par celle de notre agence. Le feeling est super bon. Ils travaillent avec les locaux et sont dans les prix que nous avions en tête. Banco et cela nous arrange. Pas besoin de crapahuter. Nous avons donc plein de temps pour découvrir la ville pas si grande et nous la couler douce. 
Comme c'est jour de marché et que les marchés c'est toujours chouette, nous rejoignons le nord de la ville où les stands s'étalent à perte de vue sur fond de montagnes rouges, typiques de la région. Une nouvelle fois, je me fais surprendre par la différence de température entre la nuit et le jour. On crevait de froid en sortant du bus. Et là, le soleil tape sacrément fort. Je me retrouve donc à faire la balade le jean à la main...




Ici pas de marché pour touristes. Pas d'artisanat donc mais un bon vieux marché du dimanche avec vêtements, fruits et légumes, et tout un tas d'objets plus ou moins utiles. Nous nous baladons au milieu des étals. Il faut souvent pencher la tête car nous ne faisons pas la même taille. Les tentes sont bien basses...
Nous déjeunons au marché. Je goûte le lama qui est, comme l'alpaga, une viande délicieuse.


Sur le retour à notre auberge, nous passons par le centre-ville. Comme plusieurs villes boliviennes, elle ne semble pas achevée. Les murs sont en briques brutes et de nombreuses maisons sont en travaux. Seul le quartier autour de la plaza de independencia est joli. 


Après une bonne séance de repos, nous partons voir les lumières du coucher de soleil sur les montagnes rouges. Une colline au coeur de la ville donne un joli point de vue. 

La journée se termine dans un restaurant italien où nous dégustons deux bonnes bouteilles de vin bolivien. Pourquoi se laisser abattre ?

Lundi la grande aventure commence. Un nouveau rêve qui se réalise : désert d'Uyuni me voici !
Le petit-déjeuner est super copieux, à l'image de tous les repas qui nous attendent pendant quatre jours. Nous n'arrêterons pas de manger ! En même temps l'altitude sa creuse !
Nous retrouvons Rachel et Kara, deux Australiennes bien sympas qui feront le tour avec nous trois. 
C'est donc à 5 nanas que nous grimpons dans le 4*4 dans lequel se trouvent déjà Ronald, notre chauffeur, et Hector, notre cuisinier (il sera surnommé narco pour ses capacités incroyables à s'endormir une fois le moteur en route). 

Nous quittons donc Tupiza et dès le début les paysages sont saisissants. Les montagnes du Sillar (passage entre deux vallées) ont été creusées par l'érosion. D'énormes fissures fendent certains versants et d'incroyables formations rocheuses se dessinent sur d'autres. Nous faisons un premier arrêt pour admirer ce spectacle géologique. 





Peu de temps après, soit une demi-heure après le départ, le premier problème technique de l'aventure arrive. Il y en aura plusieurs... Disons que cela fait partie du jeu. 
Une pièce du moteur s'est cassée. Alors que le chauffeur nous parle de 20minutes d'attente, deux bonnes heures passeront jusqu'à ce que la pièce de rechange soit apportée par un autre véhicule. Du coup, au lieu de nous retrouver en avance sur tous les autres touristes (nous avions pris l'agence qui partait le plus tôt), nous voilà bien à la bourre sur le programme. Mais c'était top car durant les deux premiers jours nous n'avons quasiment croisé personne. 


Pour le déjeuner, nous nous arrêtons dans une plaine où broutent un bon groupe de lamas. Elle s'appelle d'ailleurs Awanapampa (en Quechua "Awana" signifie brouter). Un lama s'invite à notre pique-nique. Nous partageons quelques bananes avec lui. Le vent souffle mais c'est supportable. Que c'est bon de manger en pleine nature !




Nous reprenons la route et le festival de couleurs commence. Et ce n'est qu'une introduction à ce qui nous attend. Nous sommes dans la région du Sud Lipez. Ici les plaines sont jaunes et les montagnes rouges. 

Après une petite crevaison réparée en huit minutes chrono, nous passons la nuit dans un  village complètement perdu au milieu de nulle part appelé Kollpani. 


Il fait nuit noire très tôt et il n'y a pas grand-chose à faire. Du coup, nos soirées se ressembleront : dîner, jeux de cartes et au lit à l'heure des poules. 

Le lendemain le programme est chargé. Nous avons deux heures et demie à rattraper. Le réveil sonne donc à 5:45 pour un départ à 6h30. La série des lacs commence. Ils ont chacun leurs particularités mais aussi un point commun : la nature révèle leurs couleurs. 
Pour le lac jaune (laguna amarilla) le soleil lui donne sa plus belle couleur à l'heure du déjeuner. Nous sommes malheureusement arrivés un peu tôt. 
La laguna celeste prend, comme son nom l'indique, ses plus belles couleurs grâce au ciel. Nous sommes un peu loin mais imaginons bien le potentiel. 
Nous traversons des plaines immenses où des mouettes géantes, appelées Wallata, viennent s'abreuver. 
Vu l'heure matinale, certaines étendues d'eau sont encore gelées, obligeant les canards à marcher...










Nous passons ensuite vers le plus haut volcan de la région : le volcan Uturuncu (6008m). Il est encore en activité. C'est également sur celui-ci que se trouve la plus haute route du monde qui sillonne jusqu'à 5800m d'altitude. A ses pieds, la lagune Morejon. Elle contient du Borax, minéral utilisé pour fabriquer des vitres et de la fibre. 

En chemin nous croisons des formations rocheuses plus incroyables les unes que les autres. Niveau faune, nous ne sommes pas en reste : autruches, lamas, Vicuñas. Il y a de quoi faire. 
Le gouvernement a récemment permis à certains villages de capturer les vicuñas pour les tondre et vendre leur prestigieuse laine. Une partie des revenus leur a permis d'améliorer leur qualité de vie notamment en investissant dans des panneaux solaires. Il n'est donc pas rare de croiser des maisons en terre, paumées au milieu de nulle part, mais équipées de panneaux ! Ces populations sont également en charge de la préservation des vicuñas. Depuis cette initiative, l'espèce n'est plus en voie d'extinction. 








Musique à fond nous continuons notre route. La playlist est un beau mélange des plus grands succès occidentaux et des derniers tubes boliviens. Nous avons même droit à certains classiques traduits en espagnol, magnifique ! Nous chantons parfois à nous arracher la voix. Je n'ai aucune honte à dire que le moment le plus fort se passe sur "my heart will go on" de Celine Dion révélé par Titanic. A ce moment-là, nous sommes arrêtés dans un village (Quetena Grande). Amélie sort alors de la voiture et monte sur le pare-chocs avant pour imiter Leonardo Di Caprio. Mais c'était sans compter sur notre chauffeur qui a repris le rôle laissant à Amélie celui de Kate Winslet. Magique !
Ici les gens sont des chercheurs d'or. Ils creusent des trous de un mètre de profondeur dans les rivières et lavent la terre manuellement jusqu'à ce que l'or qui est plus lourd tombe au fond du trou. Les mineurs obtiennent environ 15 à 30g par mois. 

Nous passons ensuite la laguna hedionda à 4400m d'altitude, appelée ainsi pour sa forte odeur de soufre. 
Puis la laguna Kollpa, nom du minéral qui la compose. Les Inca l'utilisaient comme shampoing et détergent. Il est aujourd'hui exploité par les locaux et exportés principalement au Chili. 



Après un premier désert de sel, celui de Chalviri, nous passons plusieurs autres lacs bordés par des montagnes aux couleurs incroyables. La particularité de la région est sa richesse en minéraux. Notamment le soufre qui existe dans pas moins d'une trentaine de couleurs. Il recouvre de nombreux sommets donnant l'impression qu'un peintre s'est amusé avec une palette de couleurs pastels. Je n'ai jamais vu une chose pareille !


A l'heure du déjeuner, nous faisons un arrêt aux sources chaudes. Un petit bassin permet de profiter d'une vue magnifique tout en barbotant dans une eau à 30 degrés. C'est bien agréable pour se détendre après toutes ces heures de 4*4. 



Nous traversons ensuite le désert de Dali où les couleurs et les formations rocheuses qui le composent font penser aux oeuvres surréalistes du célèbre peintre espagnol. 


Nous continuons notre descente vers le sud. Les lagunes blanches et vertes apparaissent devant nous. Elles sont reliées par un étroit canal. La blanche est composé de soufre, de calcium et de magnésium. La verte tient sa couleur des particules de minéraux (magnésium, arcenic et carbonate de calcium) qui sont maintenus en suspension par le vent. La lagune est surplombée par le majestueux volcan Licancabur. Selon la légende, les incas réalisaient leurs sacrifices dans le lac situé au sommet (5916m), laissant les sacrifiés mourir congelés. Nous nous trouvons à la frontière. De l'autre côté du volcan : le Chili. 



Nous devons alors revenir sur nos pas afin de reprendre la route vers le Nord. 
La région est également riche en argent, zinc, plomb. De nombreux habitants du coin travaillent donc dans les mines. 
A certains endroits, l'extraction a été suspendue. C'est le cas pour cette magnifique montagne : la Montaña nuevo mundo. Elle est surnommée ainsi car les boliviens souhaitent la conserver comme réserve pour les générations futures.

Au loin des jets de fumée apparaissent. Il s'agit des fumerolles et geysers de Sol de Mañana (soleil du matin). Apparemment le lever de soleil y est féerique. L'énergie dégagée par l'activité volcanique permet de produire de l'électricité pour une partie de la Bolivie. Les geysers ont une température d'environ 90 degrés !!



La journée se termine au bord de la laguna colorada dont les tons de rouge évoluent tout au long de la journée. La lumière du soir n'en révélera pas toute la beauté. Nous serons encore plus éblouies le lendemain. 
Nos tentatives d'approche des flamands roses échouent mais nous permettent de les voir s'envoler par dizaines. 




La nuit est froide, très froide. Nous sommes à plus de 4000m dans un bâtiment en pseudo briques de terre dépourvu de chauffage. La bouteille remplie d'eau bouillante glissée dans mon sac de couchage ne suffira pas à me réchauffer. La nuit sera courte...


Pour dîner, nous avons droit à un plat typique d'Amérique du Sud que j'avais évité jusque-là: les Salchipapas. Il s'agit d'un énorme tas de frites recouvert de plusieurs morceaux de viandes différentes (en général poulet, bœuf et saucisses), le tout badigeonné de mayonnaise et ketchup : la diététique à l'état pur ! Personne n'est vraiment emballé !

Le lendemain, la magie continue et me tient éveillée. Nous commençons par le Nord de la laguna colorada. Je pense que c'est le plus beau lac que j'ai vu de ma vie. Les couleurs sont folles et sont un mélange de sodium, Borax, gypse et magnésium. Ici aussi les particules restent à la surface grâce au vent. Les flamands roses ajoutent des nuances au tableau. 


Une autre oeuvre naturelle, nous attend ensuite : l'arbre de pierre formé de magma pétrifié a été sculpté par le vent. 

Nous enchaînons par le désert de Siloli où la montaña multicolor porte bien son nom. Un peu plus loin, nous traversons un micro canyon dans lequel se trouvent de rares points d'eau. Il est donc facile d'y croiser quelques animaux, comme ses Viscaches, pas trop farouches. Les rochers qui forment le canyon semblent construits par l'homme. Pourtant tout est naturel !







Au bout, d'une bonne heure à travers ce splendide désert, nous entamons la route des joyaux (ruta de las joyas). Il s'agit d'une série de cinq lagunes qui abritent des centaines de flamands roses. Les couleurs, le reflet des montagnes, la glace qui recouvre certains lacs, tout est incroyablement beau !









Pour le déjeuner, nous quittons la route classique pour nous rendre au lac noir (ou laguna negra). Ici aussi l'érosion a fait des merveilles. Nous mangeons à l'abri des sculptures de pierres, un vent fort et froid nous empêche de déguster à leur sommet. 




Nous prenons ensuite la direction du volcan Ollague. Il est en semi activité et crache régulièrement des colonnes de fumée. 


La route nous fait ensuite traverser un nouveau désert de sel : le Salar de Chiguana. Une ligne de chemin de fer le traverse de part en part. Elle sert notamment au transport de minéraux d'Uyuni au Chili. 



Peu de temps après, nous mettons enfin les pieds (enfin les roues plutôt) sur le saint graal de ces quatre jours d'excursion. Nous nous trouvons sur le gigantesque désert d'Uyuni. 

Il existe une petite dizaine de déserts de sel dans la région. Ils ont été formés suite à la création des Andes. Auparavant, la région était recouverte d'eau. Il s'agissait même potentiellement d'un bras de l'océan Atlantique qui entrait dans les terres. La plaque Pacifique (plaque de Nazca) est alors passée en dessous de la croûte continentale sud-américaine créant la chaîne des Andes et divisant l'énorme bras de mer en plusieurs lacs (dont le lac Titicaca). De nombreux lacs se sont ensuite évaporés laissant derrière eux une grosse quantité de sel. 

C'est d'ailleurs dans un hôtel de sel que nous passerons la nuit. Les locaux n'ont jamais vécu dans ce genre d'habitation. Seul le tourisme est à l'origine de cette initiative architecturale. Mais le résultat est sympa ! Tout est en sel : le sol, les murs, les tables, les lustres. Et le sel est un isolant plutôt efficace puisque cette fois aucun besoin de superposer les couvertures et de se fabriquer des bouillottes. La nuit sera chaude. Peut-être que l'apéro a un peu aidé aussi. En chemin, une petite épicerie (la première croisée en trois jours) nous a permis de nous approvisionner un peu. La culture locale étant celle du quinoa nous avons donc décidé de goûter la bière de quinoa et c'est un véritable délice. Nous avons également craqué pour un petit Cabernet Sauvignon Chilien qui nous a bien sauvé lorsque nous avons découvert que la bouteille de vin Bolivien offert pour la dernière soirée par notre agence de voyage était malheureusement bouchonnée. 



Après discussion avec un couple d'anglais, nous avons mis le réveil à 4h30 pour observer les étoiles. En effet, la pleine lune nous empêchait d'en profiter avant de nous coucher. Et cela vaut vraiment le coup. Le peu de lumière et la pureté atmosphérique du coin permettent d'apercevoir parfaitement la voie lactée et des millions d'étoiles que je n'ai malheureusement pas pu prendre en photo. 

Nous partons ensuite pour assister au lever de soleil sur le Salar d'Uyuni. Le désert est tellement large et plat que notre chauffeur s'amuse à rouler tous feux éteints alors qu'il fait encore nuit noire. 
Nous sommes maintenant bien enfoncés dans le salar. La voiture s'arrête puis nous attendons gentiment que le soleil se lève, Le spectacle est exceptionnel ! La lumière du jour révèle progressivement la pureté du blanc de cette immensité immaculée. C'est fou ! Nous commençons les traditionnelles séances photos avec effets de perspective. 







Sur le Salar se trouvent plusieurs îles formées de corail pétrifié. Nous visitons la plus connue d'entre elle, Incahuasi (maison de l'inca). A priori, les incas qui voyageaient dans la région y passaient leurs séjours. 

Elle est recouverte de cactus géants. Au sommet la vue à 360 degrés est hallucinante. Les montagnes au loin forment comme des mirages et semblent flotter pour certaines. Je ne sais plus où donner de la tête et pleure déjà à l'idée du nombre de photos qu'il va encore falloir trier...




Nous déjeunons au pied de l'île puis nous partons pour le centre du Salar où se trouve le lieudit "Ojos de sal" (yeux de sel). Ici, des trous plus ou moins grands se sont formés dans le salar par le mouvement de l'eau sous la surface. En creusant un peu dans la croûte supérieure, il est possible de trouver de magnifiques cristaux de sel. Nous en ramènerons quelques-uns dans nos valises. 

 



Les derniers forages réalisés il y a une dizaine d'années par les Américains, ont révélé une profondeur de près de 200m. Des couches de sel se superposent avec des couches d'eau. Des recherches ont également récemment découvert que 50% des réserves mondiales de Lithium se trouvaient ici. L'extraction n'a pas encore commencé. J'espère que cela ne sonnera pas la fin de cette nouvelle merveille du monde...

 

Nous poursuivons pas une énorme séance photo. Notre chauffeur, reconverti en photographe, est d'une patience incroyable. Nous le mettons à contributions pour réaliser les clichés les plus fous !


 






Puis nous reprenons notre route à travers le Salar. A l'ouest le premier hôtel de sel a été transformé en musée. Un groupe de musique est en pleine représentation lorsque nous arrivons. Assez unique comme scène !




Une sculpture en l'honneur du Dakar a été installée ici. La course mythique devrait traverser le désert de sel en 2016. 



La visite se termine par les Montones de Sal.

80 familles travaillent à l'extraction du sel d'Uyuni. Pour cela, des zones circulaires sont délimitées et remplies d'eau afin de faire remonter le sel à la surface. Puis le sel est disposé en monticule afin d'aider l'eau à d'évacuer. Il est ensuite iodé pour le rendre meilleur à la consommation. Il est cependant parfaitement possible de ramasser le sel directement au sol pour assaisonner ses petits plats. Stephanie a d'ailleurs fait l'expérience avec une pomme verte (oui oui il parait que c'est bon avec du sel les pommes vertes - ça reste une recette québécoise, il faut peut-être se méfier ;-)


Après quatre jours à traverser des paysages incroyables, nous retrouvons la civilisation. Nous passons tout d'abord par un marché artisanal puis rejoignons la ville d'Uyuni. Avant le déjeuner, nous réservons nos bus de nuit respectifs. Stephanie et les Australiennes repartent pour La Paz. Amélie et moi continuons vers le Sud, à Potosi. 

 

Après un petit tour de la ville et un bon verre en terrasse, je pars avec Rachel et Kara faire un tour au cimetière de trains situé en bordure de ville. Cela nous occupe jusqu'au départ du bus. 

 



Ces dix derniers jours auront été magiques. Encore une fois, j'ai été bluffée par le travail incroyable de la nature. De la jungle verdoyante, des vallées lunaires, des déserts pasteldes lacs aux couleurs de l'arc en ciel, des étendues tout droit venues de Mars, la Bolivie est un concentré de merveilles comparable aux incroyables paysages découverts en Nouvelle Zélande. Les quelques galères de transport, n'ont rien gâché du voyage. J'ai depuis continué ma route en compagnie d'Amélie en direction du Sud du Pays. Nous avons visité deux nouvelles villes avant de nous séparer. J'ai maintenant posé mes valises pour deux semaines à Tarija, proche de la frontière Argentine et participé à mes premières journées de cours en tant qu'assistante scolaire dans une école spécialisée. Vous en saurez plus au prochain épisode. 

 

Plein de bisous. 


Photos: https://drive.google.com/open?id=0B-gmY_DQGzJvfmlYLS1hWVYxSFAwNkdxR3ltY09zVmxzS2JGdkVLNVRkSlYtSjVJekVDYVE



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