samedi 21 novembre 2015

Comment finir en beauté ? Perito Moreno, chutes d'Iguazu, Buenos Aireset Colonia - Argentine, Brésil, Uruguay - avec ma maman !!!


2 novembre. 
Dernier mois de ce merveilleux voyage. Il ne me reste plus que quelques jours à profiter de cette liberté totale que je me suis permis de vivre cette année. 
Afin de profiter au maximum d'Ushuaia que je ne voulais plus quitter, vous l'avez compris, j'ai pris l'avion plutôt que le bus. Mais du coup, pas le temps de se préparer psychologiquement. Le changement d'environnement est brutal. En moins de deux heures je ne suis plus au bout du monde mais de retour en Patagonie, à El Calafate exactement. C'est ici que se trouve un des plus beaux glaciers du monde mais surtout le plus accessible. 



A l'aéroport, je repère un groupe de backpackers qui acceptent volontiers de partager un taxi jusqu'à la ville. Il s'agit de trois français : un couple en tour du monde, Céline et Jon, et un inspecteur de police dans le Nord. 
J'avais déjà pu constater que les chauffeurs de taxis sont très curieux et adorent poser des questions assez personnelles. Je me suis donc rapidement retrouvée à raconter au nôtre l'histoire que je venais de vivre avec un argentin en Terre de Feu. Il m'a alors, sans vergogne, laissé son numéro de téléphone en me proposant de le rejoindre dans la soirée afin de passer ma tristesse... Pas farouches les Argentins...

Ce qu'il ne savait pas, c'est que j'avais un bien meilleur plan. Je retrouvais mes copines. Hélène et Virginie, fraichement de retour d'El Chalten, m'attendaient à l'hostel. Rien de mieux, pour se réconforter, qu'un bon dîner entre copines avec une bonne bouteille de vin bien sûr. 
Malheureusement les retrouvailles sont de courte durée puisque les filles continuent leur route vers le Chili le lendemain aux aurores. Elles n'en sont qu'au début de leur tour du monde et font quasi le même trajet que moi dans le sens inverse. Bon vent les filles, vous n'avez même pas idée de tout ce qui vous attend !!!


Quant à moi je pars en excursion pour le glacier. J'ai décidé de me faire plaisir en réservant le "mini trekking" qui inclut une courte balade en crampons à même la glace !

Un bus géant passe me prendre à l'auberge à 9h. Je ne suis pas la seule à avoir réservé ce tour... Nous sommes au moins 50 ! En même temps, une merveille pareille attire forcément du monde. Je retrouve d'ailleurs Céline, Jon et le policier (dont j'ai oublié le prénom, vous l'aurez compris...). Nous passerons la journée ensemble.

Après deux heures de route au panorama fort sympathique à base de lac bleu turquoise et de montagnes encore enneigées, un paysage saisissant nous saute aux yeux. Une énorme langue blanche et bleue recouvre une partie du Lac Argentino et tente de rejoindre la forêt verdoyante. Le mélange des couleurs est parfait ! Le Perito Moreno est là, magnifique !


Des passerelles ont été installées et permettent d'accéder à plusieurs points de vue sur ce glaçon géant. Le plus incroyable c'est que ce glacier est vivant. A sa pointe, il avance de deux mètres par jour. Il ne gagne en revanche pas de terrain sur le lac. Chaque jour, d'énormes morceaux, de la taille d'une maison, se cassent et s'enfoncent dans le lac, provoquant parfois des vagues assez grosses. Des panneaux de prévention tsunami sont d'ailleurs installés sur certaines rives. Le bruit est lui aussi incroyable. Le glacier craque en permanence. Nous passons deux heures à nous balader sur les passerelles en espérant assister à la chute d'un morceau géant. 



Il y a pire comme spot de pique-nique non?


Nous n'aurons pas la chance de voir un énorme bout tomber mais j'ai tout de même réussi à photographier la chute d'un morceau d'une taille honorable. 


Nous reprenons ensuite le bus en direction d'un petit port où nous attend le bateau qui va nous mener au plus près du glacier. La traversée est très courte mais permet de réaliser la taille de ce monstre de glace. Nous sommes tout petits face à lui. 

Arrivés à terre, nous marchons un moment jusqu'à atteindre le glacier. 




Les guides nous divisent en plus petits groupes (18 personnes tout de même..)  pour la visite du glacier. Après un petit briefing, nous chaussons les crampons et partons en balade sur une glace vieille de 400 ans (temps qu’il faut aux glaces formées en amont pour atteindre le lac). Pendant deux heures nous slalomons entre les crevasses, arpentons des crêtes de glace, longeons des rivières formées par la fonte des glaces et qui parfois créent de petits lacs éphémères. En effet, comme le glacier avance, toutes ces formations évoluent plus ou moins vite. Il y a par exemple de fortes chances que ce petit point d'eau sur lequel je semble marcher, n'existe plus à l'heure où je vous écris. 








A la fin de cette balade magnifiquement originale, une surprise nous attend. De petites tables sont installées sur le glacier. Sur chacune d'elle, des chocolats et une bouteille de whisky. Quant aux glaçons, notre guide les prélève directement sur le Perito Moreno. What else ?




C'est donc un peu guillerets que nous rejoignons le bateau puis le bus de retour. 




Sur les recommandations de Mariano, j'enchaine avec la réserve écologique de la lagune Nimez, qui se trouve non loin de mon hostel au Nord d'El Calafate. Située au bord du lac Argentino, le plus grand de Patagonie, de nombreux oiseaux y vivent, dont une colonie de flamands roses. La vue sur le lac et les montagnes environnantes est apaisante à la lumière du crépuscule. 


Le lendemain, je quitte déjà la Patagonie. Je survole certains de mes coups de cœur du pays, comme la péninsule Valdes et ses baleines. 

Direction la ville géante de Buenos Aires où je dois retrouver ma maman que j'ai quittée dix mois plus tôt !! Avec 14,5 mio d'habitants l'agglomération de BA constitue la 2e plus grande ville d'Amérique du Sud après San Paulo et fait partie des 16 plus grandes villes du monde. Après tous ces mois de nature cela va faire bizarre. 
Un taxi et un avion plus tard, j'arrive au coeur de la mégalopole. En sortant de l'aéroport, un homme me conseille vivement de ranger le portable que j'ai dans la main si je ne veux pas avoir de problème. Ambiance !
Mais je suis au courant. De nombreux argentins parlent de leur capitale comme d'une ville très dangereuse où il faut se méfier en permanence. J'ai appris à relativiser ces propos. Buenos Aires n'est pas plus dangereuse qu'une autre grande ville. Il faut simplement faire preuve de bon sens, se renseigner sur les quartiers à risque et éviter d'attirer l'attention. 
A l'aéroport, tout est fait pour que les touristes prennent un taxi ou une navette alors qu'un arrêt de bus citadin est situé à la sortie de l'aéroport. Les bus desservent de nombreux quartiers du centre ville. Je choisis donc cette option. Je n'ai pas encore la carte de bus nécessaire pour payer le trajet mais ce n'est pas un problème. Il suffit de demander sa carte à un passager du bus en échange du montant en espèces. Une jeune fille accepte volontiers de me rendre ce service. 
J'arrive ainsi dans le centre de la capitale. Maman a voulu expérimenter ma façon de voyager. Je n'ai pas réussi à trouver un couchsurfing, nous avons donc réservé une chambre dans une auberge de jeunesse. Je n'ai pas poussé l'expérience jusqu'à réserver des lits en dortoirs... L'auberge se trouve dans un immeuble ancien plein de charme. Elle est surtout bien située, en plein coeur du centre historique. 
Quelques heures plus tard, le téléphone sonne dans ma chambre. Maman est arrivée. Je descends à la réception. Nous nous sautons dans les bras. C'est chouette de se retrouver même si les nouvelles technologies font que nous n'avons pas l'impression de nous être quittées il y a dix mois. 
Dix jours de vacances entre mère et fille commencent. 

Après une bonne nuit de sommeil, et un petit-déjeuner sur le toit de l'hostel, nous rentrons direct dans le vif du sujet. 

Il nous faut trouver des pesos. Une des particularités pénibles de l'Argentine est son double marché des changes. Il y a donc deux taux de change : l'officiel que te fournissent les banques lorsque tu retires aux distributeurs, puis il y a le marché noir ou plutôt le bleu car il est appelé "mercado blue". Ce marché est né à la suite de la dollarisation de l'économie argentine qui a été décidée par le président Menem aujourd'hui détesté des argentins (certains le surnomment même Voldemor, celui dont on ne doit pas prononcer le nom). Au départ un dollar équivalait à un peso. Les Argentins se sont alors rués vers le dollar allant jusqu’à vider les caisses de la banque d’Argentine. Et ils allaient surtout le dépenser à l’étranger. Je vous la fais courte mais en gros, depuis la crise économique que le pays a traversée, le gouvernement a restreint l’accès aux dollars et à l’Euro aux argentins. Ils n’ont le droit d’acheter qu’un faible pourcentage de leur salaire en monnaies étrangères. Le marché Blue a donc été créé pour leur permettre d’en obtenir plus. La différence de taux est impressionnante. Lors de notre passage à Buenos Aires 1€ valait environ 10 pesos sur le marché officiel et 16 pesos au marché bleu. Sur deux mois de voyage pour moi ou même dix jours pour ma mère cela fait la différence.
Nous voila donc parties sur la calle  Florida, surnommée "calle de los arboles" (la rue des arbres) car de nombreux hommes et femmes sont plantés là toute la journée et répètent sans répit "cambio, cambio, cambio" (“change, change, change”). Et puisqu'ils vendent et achètent le précieux billet vert, l'expression fait d'autant plus de sens. 
Commence alors le jeu de la négociation. Nous passons d’un vendeur à l’autre pour faire monter les prix et finissons par accepter celui d’un péruvien qui nous explique qu’il donne un meilleur prix que les autres pour se faire une clientèle. Il nous emmène alors dans un pressing situé au fin fond d’une galerie sous-terraine pour la transaction. Ma mère est incroyablement sereine. C’est tout de même son premier jour de voyage et elle se retrouve à échanger de l’argent avec un inconnu dans les sous-sols de Buenos Aires. J’imagine qu’elle me fait confiance..

Une fois notre transaction terminée nous commençons notre visite du “centro”. Situé au coeur de la zone touristique, c'est un quartier très commerçant et chargé d'histoire. Nous arpentons donc ces rues, notamment l’avenue la plus large du monde, la “9 de Julio” (en l’honneur de l'indépendance de l'Argentine en 1816) qui fait 140m de large avec 14 voies (contre 8 sur les Champs Elysées).
A l'heure du déjeuner, je fais ensuite découvrir les empanadas à maman. Nous prenons un petit assortiment accompagné de la bière locale Quilmes dans un restaurant bruyant qui se présente comme le temple de l’empanada. Les meilleures sont définitivement dans le Nord mais ce n’était pas si mal.



Il est ensuite temps de rejoindre le point de rendez-vous du Free Walking Tour devant le congrès,dont les statues ont été ajoutées récemment par la présidente en poste car une loi interdisait auparavant d’exposer des femmes dénudées. 
Nous y rencontrons Jeanette, une guide super qui pendant plus de deux heures nous fait découvrir le Buenos Aires historique et politique. 


Tout près du congrès, un exemplaire du "penseur" réalisé par Rodin. 

Le Palacio Barolo du nom de son premier propriétaire qui a fait appel à un architecte italien, Mario Palanti. Ce dernier, fasciné par la Divine Comédie s’en est largement inspiré dans la construction de cet incroyable édifice. Il mesure par exemple 100 mètres de haut pour les 100 chants de l’oeuvre avec 22 étages tout comme le nombre de strophes. Les étages sont divisés en 3 parties : l’enfer, le purgatoire et le paradis. Et il y a de nombreux autres exemples. Il fut également le plus haut bâtiment Amérique Latine à son époque.

Sur l’avenue 9 de Julio, des nombreux édifices ont été détruits lors de sa construction. Seuls trois ont survécu à la destruction dont celui-ci où le visage d’Evita au micro a été ajouté au sommet. Cette ancienne actrice issue d’un milieu modeste, qui épousa en 1945 le colonel Juan Domingo Perón, un an avant son accession à la présidence de la république argentine, est devenue par ses combats (notamment l’obtention du droit de vote pour les femmes) la mère de la patrie. 


Sur la façade sud du bâtiment, le visage d'Evita sourit aux quartiers populaires dont elle est issue. 

La Casa Rosada où siège le pouvoir exécutif, donc le/la président(e) argentin(e). Des barrières ont du être installées pour protéger l'édifice des manifestants. Ces derniers y ont laissé quelques messages de sympathie…


Après cette journée bien chargée, un peu de repos s'impose. Nous retournons donc à l'hostel. 
Le soir, pour dîner,  Argentine oblige, c'est viande et pinard ! Vu les quantités astronomiques consommées par les locaux, et sur les conseils du serveur, nous ne prenons qu'un plat pour deux. Et ben heureusement. Voyez la dose et la tête de ma mère qui n'en revient pas. En revanche, nous nous régalons. 


Vendredi, nous nous attaquons au quartier bohème de la ville. San Telmo d'abord, connu pour ses petites boutiques, ses antiquaires et brocanteurs, ses artisans de rue et ses danseurs de tango. Nous aurons d'ailleurs la chance de voir un couple danser lors de notre pause déjeuner en terrasse. 

Non je n'ai pas vendu ma mère aux antiquaires ;-)








Puis nous descendons jusqu'au quartier de La Boca, appelé ainsi car la forme de la côte ressemble à un sourire. C'est aussi le nom de l'équipe mythique de football dans laquelle jouait Maradona. Nous passons d'ailleurs non loin du stade. 
C'est ici qu'ont débarqué les premiers migrants venus d’Europe pour construire une ville stratégique sur le nouveau territoire. On y trouve du coup le port. L’expression Porteño pour parler des habitants de Buenos Aires vient d’ailleurs de là. On dit alors que les Mexicains descendent des Aztèques, les Péruviens, des Incas et les Argentins, du bateau. La caractéristique la plus distinctive de La Boca est son look coloré, où chaque maison est peinte avec quatre ou cinq couleurs vives différentes. L’origine de cette explosion de couleur remonte à des raisons pleinement fonctionnelles. Comme les immigrés italiens installés dans cette zone autour de 1900 ne pouvaient pas se permettre d’acheter de la peinture pour leurs maisons, ils ont donc simplement demandé aux autorités portuaires la peinture qui restait après avoir peint les navires. Bien sûr, il n’y avait jamais assez de peinture d’une même couleur pour compléter une façade de maison, et c’est pourquoi les maisons à La Boca montrent une telle combinaison lumineuse d’orange et de jaune mélangés avec du bleu et du rouge.





Le soir, sur recommandation d'une vendeuse de chaussures de tango, nous rejoignons un bar où régulièrement les locaux se retrouvent pour danser. Nous trouvons d'abord porte close et partons dîner dans un restaurant repéré dans la journée. Lorsque nous repassons devant le bar de tango, la porte est ouverte. Le cours a déjà commencé mais le prof nous accueille volontiers. Nous apprenons alors les bases. L'homme mène la danse. Lorsqu'il pousse, tu dois reculer, la jambe bien tendue. Lorsqu'il tire tu dois avancer en traînant langoureusement la pointe des pieds. Il peut également t’emmener sur les côtés mais l'espace utilisé lors d'une danse est plutôt rectangulaire les pas les plus long allant d'avant en arrière. Le cours manque cruellement d'hommes, nous dansons donc entre femmes. Ce n'est vraiment pas évident. Et nous n’avons vu que les bases... Une fois le cours terminé, les habitués débarquent et prennent leurs places sur la piste. Des couples, des groupes d'ami(e)s, tout le monde change de chaussures et se met en piste. 



Le lendemain matin nous partons pour le Teatro Colon, salle mythique ayant accueilli les plus grands noms de l’opéra. Le quartier montre clairement une des particularités de la ville : un grand mélange d'architectures. 


C’est d’ici que part tous les matins à 10h, le Free Walking tour qui se concentre sur le Buenos Aires chic. On parle  même des quartiers “parisiens” de la capitale argentine. Si nous avons choisi samedi pour faire le tour, c’est pour retrouver notre super guide Jeanette. Cette fois, elle nous racontera plein d’histoires sur l'âge d’or de Buenos Aire, au début du siècle, lorsque le pays était considéré comme le grenier du monde. A cette époque, il est tellement riche qu’il fait appel aux meilleurs architectes, peintres, sculpteurs du vieux continent pour embellir sa capitale. Ils souhaitent notamment qu’elle ressemble à Paris.
Nous montons donc vers le Nord dans le quartier “Retiro” surnommé ainsi car c’est ici que les familles riches préalablement installées dans les quartiers sud de la Boca et San Telmo, se sont retirées suite à une énorme épidémie de fièvre jaune à la fin du XIXe siècle. Ils abandonnèrent alors de grandes maisons dans lesquelles se sont installées les vagues suivantes de migrants. La plupart du temps, manquant de moyens, ils ont investi les lieux à plusieurs familles, vivant alors en collocation. Certains habitants vivent encore ainsi aujourd’hui.

Gros changement d’ambiance donc entre le sud du Centro ou San Telmo et le nord de “Retiro”. Nous traversons de belles avenues bordées d’arbres et dont les trottoirs sont bien entretenus. Les magnifiques palais construits par les bourgeois de l’époque ont pour la plupart été rachetés par des pays étrangers pour en faire leur ambassade ou hébergent des ministères. L’ambassade de France constitue un des plus beaux bâtiments de Buenos Aires. La France a refusé sa démolition lors des travaux de l’avenue 9 de Julio.





Il y a même du trompe-l'œil à la française. 

La Plaza San Martin porte le nom d’un des deux grands libérateurs de l’Amérique du Sud avec Simon Bolivar. Il est mort à Boulogne-sur-Mer après avoir dû s’exiler car les familles fortunées de Buenos Aires, ayant perdu beaucoup de leurs privilèges suite à ses actions, voulaient sa mort.
C’est sur cette place qu’étaient formées les troupes avant de partir pour Mendoza et remonter la cordillère des Andes jusqu’au Pérou pour combattre les espagnols. 

Cette basilique était privée et appartenait à une riche famille propriétaire de ce palais. La mère ayant refusé le mariage de son fils avec la fille de nouveaux riches, la mère de cette dernière à fait construire un énorme immeuble juste devant afin d’en cacher la vue aux passants.



L’unique palais encore privé et appartenant aux descendants de l’époque est le moins rénové mais pas pour autant le moins beau. 

Nous terminons le tour au cimetière de Recoleta, autre quartier chic. Il a été dessiné par un français et constitue une superbe exposition d'architecture funéraire du XIXe siècle et du début du XXe, avec des panthéons familiaux et des caveaux de la haute bourgeoisie ainsi que les sépultures de nombreux protagonistes de l'histoire argentine. C’est également là que se trouve la tombe d’Evita dont l’histoire du cadavre est assez hallucinante mais je vous laisse la trouver sur internet si cela vous intéresse.
Devant le cimetière, se trouve l’arbre le plus vieux et du coup le plus gros de la ville. Des statues d’Hercule ont été installées pour soutenir ses branches.




Nous rejoignons ensuite la gare et prenons le train pour Villa de Mayo dans la banlieue de Buenos Aires. Nous sommes invitées pour un asado chez la soeur de Juan qui m’avait prise en stop avec sa copine Tamara deux mois plus tôt au nord du pays. 
Nous sommes accueillies avec le mate bien sûr. Encore une première pour maman qui le trouve trop amer. Puis nous goûtons absolument toutes les parties du boeuf qui peuvent se faire au barbecue dont la cervelle, les intestins, les rognons, le foie et j’en passe. Heureusement que nous sommes lyonnaises !
Comme les français, il semble que les argentins adorent débattre et parler politique. Nous sommes tombées en plein milieu des élections présidentielles et, pour la première fois de son histoire, le pays connait une situation de ballotage. Autant vous dire qu'il y a eu de l'animation à table. 
Nous déjeunons à l'heure argentine : 17h et restons à table jusqu'à 20h. Puis le beau frère de Juan nous ramène gentiment en ville. 


Dimanche, nous commençons par un petit déjeuner dans le café Tortoni qui fait référence au fameux troquet parisien. 


Puis nous partons visiter les beaux jardins de Palermo, autre quartier huppé de la ville. Cela fait du bien toute cette verdure. Le jardin botanique est magnifique et présente des plantes de tous les continents. On y trouve bien sûr le maté.









Nous enchaînons par les jardins japonais incroyablement zens et où il est possible d’apprendre la technique du bonsaï. Une exposition en montre plusieurs exemples.







Nous retournons ensuite au sud, à San Telmo, où chaque dimanche une énorme brocante a lieu. Nous parcourons les km de stands parmi les milliers de visiteurs. C’est assez impressionnant. Nous nous égarons dans quelques boutiques à la déco super sympa puis nous remontons lentement vers notre auberge.






Marlene et Sheila, deux soeurs que j’ai également rencontrées dans le nord, nous ont invité à dîner avec leurs parents. Nous passons une excellente soirée à parler beaucoup de la France et de Paris que toute la famille connaît bien. Je goûte un pastis local pas mal du tout. 



Lundi. Journée de transfert. Nous commençons par déposer les gros sacs dans notre futur hostel de Palermo. Après une petite balade dans le quartier, nous prenons le bus pour l'aéroport. En route pour Puerto Iguazu, située sur les rives du Rio Iguazú qui fait fonction de frontière avec le Brésil et à sa jonction avec le rio Parana qui sert de frontière avec le Paraguay.


Il fait terriblement chaud et humide et nous rêvons de la piscine de l'hôtel. Malheureusement la couleur de l’eau nous en dissuadera… Comme quoi les auberges de jeunesse, c’est pas si mal ! Pour nous consoler, nous nous accordons un super dîner en terrasse et en musique. 

XXx (Facebook?)

Puerto Iguazu est surtout connue pour les chutes du même nom qui font partie des sept nouvelles merveilles de la nature et sont inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO. Elles se situent principalement sur le territoire argentin mais ont également une partie au Brésil. En deux jours, il est possible de visiter les deux côtés. C’est ce que nous avons fait.

Nous commençons par le côté argentin. Tout d’abord le “camino inferior” qui permet d’apercevoir les chutes d’en bas. Nous commençons par les entendre puis par croiser quelques petites cascades extérieures avant d’atteindre un point de vue incroyable sur une bonne partie des chutes. C’est MAGNIFIQUE !!! La force de l'eau a eu raison de certaines passerelles...
En route nous croisons quelques animaux dont de sublimes oiseaux, des coatis et un tatou. Et l'horrible hôtel Sheraton qui ne peut gâcher plus le paysage. Quelle honte !!












Le chemin se rapproche doucement des chutes. Une passerelle permet de quasiment les toucher. C’est le moment de ranger l’appareil, de mettre la capote sur le sac à dos et de sortir la gopro car nous ressortons trempées jusqu’aux os...



Après le passage “d’El chico” (le garçon), une plus petite cascade un peu isolée et de “los dos hermanos” (les deux frères), deux cascades identiques, nous rencontrons une famille de singes pas du tout effrayés par les touristes bien au contraire.




Nous enchaînons par le “camino superior” qui mène au dessus des chutes et permet de se rendre un peu plus compte de la puissance de celles-ci notamment par le bruit incroyable qu’elles produisent.



Une activité touristique des plus stupides consiste à se faire peur en allant affronter en zodiac les remous provoqués par les chutes. 

Nous terminons la visite par le “garganta del diablo” (gorge du diable). Un petit train permet de nous y rendre. Nous l’avons gardé pour la fin pour éviter la foule car il s’agit vraiment du clou du spectacle. Un trou béant fait plonger brutalement la rivière Iguazu de plusieurs dizaines de mètres. Le bruit est assourdissant. De nombreux oiseaux volent au milieu des chutes. Ce sont des martinets à tête grise qui font souvent leurs nids sur les rochers situés sous les chutes.







Au retour, une véritable pluie tropicale nous oblige à nous réfugier dans une pâtisserie pendant un moment puis nous rentrons à l'hôtel épuisées après cette belle journée. 

Le lendemain, nous passons au Brésil. Fernando, notre chauffeur de taxi, nous recommande de commencer par le parc aux oiseaux situé en face de l’entrée des chutes.
Il s’agit du plus grand d’Amérique du Sud. Cette réserve protège de nombreuses espèces en voie de disparition et sauve chaque année de nombreux oiseaux du trafic. L’endroit est magnifique. Ce véritable sanctuaire écologique accueille plus de 900 oiseaux de 180 espèces différentes dont toutes sortes de perroquets, des toucans, des hérons, des paons, des hiboux, des aigles et de nombreux papillons. 










Nous y passons plus de deux heures avant de nous diriger vers les chutes.
Nous commençons par un petit musée qui nous apprend que l'eau y était claire avant que la déforestation intempestive la rende rougeâtre (car plein de terre) et trouble freinant la reproduction des poissons et détruisant de nombreuses espèces. 
Un bus nous mène ensuite tout au bout de l'immense réserve naturelle qui a été créée au bord des chutes. Une passerelle mène au coeur de la garganta del diablo. Nous pensions avoir été mouillées hier mais ici c’est une véritable douche habillée. Tout le monde, dont maman, s’achète des ponchos de pluie au prix fort. Puis un chemin longe la rivière donnant une vue d’ensemble sur cette merveille terrestre. 











La visite côté brésilien est beaucoup plus courte mais indispensable pour profiter pleinement de la beauté du site. Fernando nous récupère à la sortie avec un peu de retard, enfin un peu d’avance en fait car il avait omis de nous prévenir de l’heure de décalage entre les deux pays… 
De retour à Puerto iguazu il nous reste un peu d’énergie. Nous continuons à suivre les conseils de Fernando prenons la promenade qui longe le rio Iguazu jusqu'à sa rencontre avec le rio Parana. D’ici, il est possible de voir trois pays en même temps : l’Argentine, le  Paraguay et le Brésil.
A 19h, Fernando nous récupère à l'auberge et nous emmène à l’aeroport. Retour à la civilisation de Buenos Aires.  



Jeudi, il pleut des cordes. Nous parvenons tout de même à visiter un peu plus Palermo, ses belles boutiques et ses terrasses bien plus remplies le week-end. En fin d’après-midi, nous nous rendons dans l’une des plus belles librairies du monde : El Ateneo. Cela vaut le détour. 








Nous n’y passons qu’un bref instant car nous sommes en retard pour notre spectacle de tango. Nous avons fini par craquer et nous sommes achetées des places pour un de ces shows très touristiques. Mais au final, la soirée est super sympa. Elle commence par un cours d’une heure. Nous sommes une vingtaine venus des quatre coins de la planète. Seul hic, il y seulement 5 hommes pour quinze femmes. Ils vont avoir du boulot. Car cette fois pas question de danser entre femmes. Une fois appris les pas, nous sommes donc toutes invitées à tour de rôle par ces cavaliers d’un soir. Puis nous passons à table dans la salle de spectacle. L’alcool est à volonté jusqu’au début du show. Certaines tables ont une bouteille de vin par personne. Nous serons raisonnables et n’en prenons qu’une pour deux ;-)
Puis le spectacle commence. Il raconte l’évolution du tango dans le temps. C’est beau, sensuel et parfois même acrobatique avec les nombreux portés qui rythment la danse.  
Superbe !





Vendredi. En étant basées à Buenos Aires, nous ne pouvions pas ne pas nous rendre en Uruguay. Et oui juste en face de la ville, de l’autre côté du rio Plata (fleuve d’argent) se trouve la petite ville de Colonia dont le quartier historique construit sous influence portugaise est lui aussi classé à l’UNESCO. Elle constitue le seul  exemple au niveau de la région d’un plan urbain qui ne suit pas la forme rigide « en échiquier », imposé par l’Espagne, à travers les “Lois des Indes”. 
Nous prenons donc le bateau dont le nom prête largement à confusion puisqu’il s’appelle Buquebus. 



En à peine une heure de traversée (si on ne compte pas l’heure de retard…), l’univers est complètement différent. Les maisons dépassent rarement un étage, les façades sont colorées, la brise venue du large caresse le visage. Il fait bon vivre à Colonia.
Nous déjeunons dans un resto super sympa à la déco originale puis nous passons quelques heures à nous perdre dans les ruelles dont les pavés datent du XVIIe siècle. Autre particularité, les vieilles voitures que l’on croise à tous les coins de rues.
Ici le maté est également une institution. Il est possible d’acheter tout l'attirail dans la matière qui te convient. Que pensez-vous de ce petit ensemble en cuir rose?
Pour honorer les traditions nous avons donc terminé notre journée dans un café autour d’un maté. Maman n’est toujours pas convaincue !





















En attendant le bateau de retour, le coucher de soleil est magnifique sur les buildings de Buenos Aires. Mais la nouvelle tombe et vient gâcher le spectacle. Je reçois un message étrange de mon frère à Paris : “tout va bien, je suis à la caserne.” Je lui réponds que nous aussi, tout va bien en Uruguay et lui demande pourquoi il m'envoie ce message. Sa réponse est un tremblement de terre, quatre mots qui n’ont cessé de me hanter depuis : “multiples attentats à Paris”. Le temps de savoir s’il avait des nouvelles de mon autre frère à Paris et de savoir s’il avait prévenu le reste de la famille et nous perdons notre connection au wifi. Sans suivent nos larmes et une interminable attente de notre bateau qui bien sûr a eu une heure de retard. Arrivées à l’auberge, nous nous reconnectons à cette réalité qui mériterait qu’on l’oublie et passons la soirée devant la télé et nos écrans de smart-phones, seuls liens possibles avec la France. Un écossais nous voit et nous demande si nous sommes françaises. A notre réponse positive il nous prend dans ses bras. Nous fondons toutes les deux en larmes. Un peu plus tard alors que nous terminons nos bières, il nous offre une deuxième tournée. Un autre client, argentin cette fois-ci, nous laisse sa carte de visite avant d’aller ce coucher, en nous disant de ne pas hésiter à l’appeler si besoin. En la lisant, je réalise qu’il est psychologue. Nous finissons par aller nous coucher mais comme pour beaucoup de français, la nuit du vendredi 13 novembre a été courte. 
C’est avec un semblant de gueule de bois que nous nous sommes réveillées le lendemain. Il fallait se forcer à faire quelque chose. Heureusement, nous avions rendez-vous à 14h avec Marlène et Hélène pour visiter deux autres coins de la ville avant de prendre notre vol de retour pour… Paris. Nous réussissons à nous motiver en fin de matinée et rejoignons le centre où nous pensions visiter une vieille pharmacie réputée pour son architecture. Elle est malheureusement fermée. Nous prenons donc directement la direction de Puerto Madero où les filles nous retrouvent plus tard. Ce nouveau quartier à la mode longe les canaux qui partent du rio plata. Des terrasses de restaurant sont installées sur les quais donnant une impression de station balnéaire. Le beau temps est en plus au rendez-vous. Nous visitons une ancienne frégate école transformée en musée. Le bateau est magnifique et quasiment toutes les salles sont accessibles même celles des machines. 




























Nous déjeunons ensuite en terrasse avant de retrouver les filles.
Nous commençons d’abord notre “visite guidée” par les hôtels de luxe du quartier. Ça change des auberges de jeunesse…
Dans le même quartier, nous longeons un petit lac. En face, une réserve écologique, alors que nous sommes au centre de la ville.







Après avoir goûté aux délicieuses glaces, vestiges des origines italiennes des Porteños, les filles nous emmènent faire un tour dans la roseraie de Palermo. La route qui la longe est fermée le week-end, permettant aux nombreux sportifs de venir courir, faire du vélo ou encore du roller avec ou sans famille. Le parc est très beau et les roses proviennent du monde entier notamment d’un producteur lyonnais que maman connaît bien. Nous ne sommes décidément pas dépaysées.









Après un petit tour des quartiers branchés de Palermo, les filles nous ont ramenées à l'hôtel. Il était déjà temps de partir. Mes premières vacances en tête à tête avec ma maman prenaient déjà fin. Ce voyage d’une vie arrivait à sa conclusion.

J’aurais aimé dire que cette année exceptionnelle termine en apothéose mais le choc des attentats a été terrible et a, pour être franche, un peu gâché la fête. D’autant plus que j’ai commencé mon voyage au moment de l’attaque de Charlie Hebdo. Mais je dois me souvenir de tout ce qu’il s’est passé au milieu. Ces belles rencontres quasi quotidiennes, cette solidarité au sein de la communauté du voyage, ce formidable accueil des populations locales, ce partage entre hommes de différentes cultures, religions, personnalités. Je ne peux oublier tout ce que j’ai appris sur l’histoire, la culture, le passé et le présent de chacun de ces pays visités. Cela ouvre l’esprit et les sens sur beaucoup de choses qui aident notamment à mieux comprendre le monde d’aujourd’hui. Ce voyage m’aide surtout à garder confiance dans l’homme même s’il y a beaucoup de travail à faire… Ça tombe bien j’en cherche un ! (Merci à la langue française pour le double sens de cette phrase;-). 

Je ne sais pas s'il s'agit du dernier article que je posterai sur ce blog mais j'en profite pour remercier ce et ceux sans qui il n'aurait jamais existé :
- mes amis et ma famille qui m'ont poussée à l'écrire et qui m'ont encouragée par leurs messages tout au long du voyage
- les longs trajets notamment en bus qui m'ont donné le temps de l'écrire 
- ma tablette et mon téléphone outils essentiels qui m'ont épargné les cafés internet que j'aurais je pense vite abandonné 
- et surtout ma maman pour les corrections toujours dans les temps et les envois par courrier de chaque article à ma mamie qui a ainsi pu suivre mon périple. 

Plein de bisous de France (mais une partie de ma tête est encore en Argentine ;-)


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